L'histoire :
Le 20 juin 1791, le roi Louis XVI et sa famille fuit les Tuileries et la capitale afin de gagner Metz où l’attend l’armée du marquis de Bouillé. En chemin, l’équipage est reconnu et arrêté à Varennes, l’épisode est célèbre. Mais on sait moins que le coiffeur de la reine, à qui elle avait confiée ses bijoux, faisait partie du voyage et que l’on perdit sa trace en la place forte de Montmédy. Plus d’un siècle plus tard, en 1922, la citadelle domine toujours une forêt encore verte malgré la chute des premières feuilles d’automne. Violette y relève un collet dans lequel un lièvre s’est pris. Lorsque la vielle Lucy l’interpelle : alors ainsi la belle est de retour au pays, c’en est donc fin avec son Jules (Damien) ? Trop avide de liberté, la vie d’une ferme n’était pas faite pour elle. Néanmoins Violette ne compte pas pour autant passer le restant de sa vie à causer à une chèvre ! Paraîtrait justement qu’après 12 années, un compagnon du Tour de France est rentré au bercail ; l’occasion est belle pour Violette qui ne résiste pas à une douce balade pleine de promesses. Pourtant lorsqu’elle pénètre les remparts du bourg fortifié, pas âme qui vive, l’endroit semble désert. Et quand elle croise enfin quelqu’un, la femme s’enferme chez elle à double tour…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout amateur de bandes dessinées qui se respecte connaît, au moins de loin, l’œuvre de Jean-Claude Servais. Désormais attaché à la série Tendre Violette (dont c’est déjà ici le 6e tome), il est l’auteur de quelques perles, rééditées aujourd’hui chez Casterman, comme La Petite reine ou Les Diaboliques (édition couleurs en deux volumes d’un one-shot N/B magistral, l’Almanach) ou encore Lova (coll. Air libre chez Dupuis). L’artiste n’a pas son pareil lorsqu’il s’agit de mêler à la réalité un soupçon de fantastique, juste ce qu’il faut pour que le lecteur perde doucement pied et se laisse porter. Ici de même, à partir d’un encrage historique (la fuite à Varennes, les bijoux de la reine, le traumatisme post-Première Guerre mondiale), il amalgame au quotidien de ses personnages un ressenti, un vécu surnaturel (une ombre fantôme), ils basculent ainsi insidieusement vers une douce folie. Qui sont ces enfants ? Des bâtards de l’occupant ? Mystère. Comme à son habitude, Servais brode un scénario envoûtant fustigeant l’ignorance et les peurs populaires. En parallèle, son trait inimitable aime à croquer la beauté féminine, fraîche et libre, légère et séductrice, une sorte d’érotisme champêtre ou bucolique dont Violette est l’incarnation. Chevelure irradiante, l’héroïne en avance sur son temps goûte le bonheur comme il vient et se bat contre les préjugés. Certains reprocheront au maître de radoter. Peut-être, mais Jean-Claude Servais aime ce qu’il fait et cela se sent ! La seconde partie de ce diptyque ne saurait faillir…