L'histoire :
Tout commence par le cauchemar d'Etienne, auteur de bande-dessinée, avec sa fille au milieu d'un monde ravagé par les flammes, et lui qui alimente le feu. Il en parle avec son ami Ivar, mathématicien et économiste, et ils entament une discussion sur les phénomènes météorologiques qui démontrent la réalité du dérèglement climatique. Au-delà du réchauffement visible, il y a l'impact sur la biodiversité, avec notamment cette espèce d'insecte qui détruit les forêts de pin au Canada, et qui prolifère depuis que les nuits sont moins froides. Un exemple après l'autre, la conversation nous montre comment la découverte des énergies fossiles a permis un développement de l'économie qui semblait sans limites, jusqu`à la découverte de l'effet dévastateur des émissions de CO2. Le gaz se stocke dans l'atmosphère et empêche littéralement la planète d'évacuer la chaleur. Tout dans notre mode de vie d'aujourd'hui contribue à ce phénomène, provoqué non seulement par l'utilisation des énergies fossiles pour les transports et la production d'énergie, mais aussi par notre mode d'agriculture et notre consommation de viande. Si on savait la quantité de gaz à effet de serre émis pour produire un kilo de bœuf, on mangerait moins de hamburgers ! La solution est-elle alors dans des actions individuelles, dans de nouvelles réglementations, ou dans un changement plus radical à l'échelle mondiale ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout commence sur une bonne intention : expliquer par de multiples exemples la réalité du bouleversement climatique que nous subissons, et nous faire comprendre l'ampleur des changements nécessaires pour tenter d'en limiter l'impact. On pioche quelques informations clés dans les 120 pages bourrées de schémas explicatifs avec de grosse flèches de couleur qui partent dans tous les sens : le lien entre la croissance économique et l'utilisation de l'énergie, le rôle des comportements individuels, et bien entendu la puissance des intérêts économiques en jeu. Mais très vite, les auteurs choisissent de donner à leur travail une orientation plus politique, et mêlent hardiment l'épidémie de COVID et les achats de masques à tout cela. A mesure que le livre avance, ils remontent dans le temps pour dénoncer les ravages du développement économique, initié essentiellement par les puissances coloniales dès le XIXème siècle. Ils s'éloignent d'ailleurs régulièrement de leur propre sujet, poussés par l'envie d'une dénonciation supplémentaire comme le rôle de la publicité dans la consommation de tabac. Des constats parfois implacables, mais qui paradoxalement installent le sentiment que « perso, je n'y suis pour rien, puisque ce sont les vilains de tous bords aux commandes de l'industrie et de la finance qui sont responsables ». Un effet démobilisateur pas forcément voulu, qui témoigne plus simplement de la difficulté d'apporter une solution autre que de tout casser et tout recommencer. Ce que les auteurs ne proposent pas non plus. Par ailleurs, et à force de multiplier les exemples pédagogiques et les explications graphiques, ils risquent de perdre leurs lecteurs, ceux qui auraient oublié de regarder ce que veut dire ppm (particules par millions, je vous aide un peu) ou avec ce gag très BAC + 5 des statisticiens qui tirent sur un éléphant. Bref, en divisant les lecteurs, cette une lecture assez sombre et simplificatrice (pas un mot sur la difficile question du nucléaire) risque de ne pas vraiment faire avancer la cause. A moins que ce sentiment de culpabilité que l'on ressent ne soit précisément le début de quelque chose...
