L'histoire :
Le 19 avril 1600, un navire hollandais s’échoue sur les récifs d’une côte japonaise. Des enfants jouant sur la plage le découvrent et en explorent la carcasse éventrée. Ils découvrent un triste spectacle dans la cale : certains marins sont morts de faim ou de soif, d’autres épuisés sont très mal en point. Des pères jésuites portugais recueillent les survivants et les emprisonnent aussitôt tout en les soignant. Il ne s’agirait pas que ces marins appartenant à une patrie protestante mette à mal l’éducation chrétienne que ces jésuites tentent d’inculquer en extrême orient ! Dans les jours qui suivent, le capitaine William Adams doit s’expliquer devant le gouverneur de la province, le daimyo Terasawa. Est-il venu pour envahir ses terres ? Pourquoi leur navire était-il autant armé ? Serait-il un pirate ? Adams a toutes les peines du monde à prouver qu’il n’est qu’un simple commerçant en tissus. Il est remis en liberté surveillée, avec obligation de se présenter à Osaka devant le puissant général Tokugawa, qui nourrit de grandes ambitions d’unification des provinces japonaises. Ce dernier considère alors Adams comme un mercenaire et désire que le hollandais transfère ses connaissances en armement pour l’aider dans cette tâche…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste touche-à-tout Mathieu Mariolle et le dessinateur italien Nicolas Genzianella s’associent pour la première fois sur une série d’aventures historiques en diptyque, situées du côté du pays du soleil levant. Ils proposent ce qui se présente pour le moment comme une grosse mise en bouche chez Casterman, un éditeur qui n’avait encore rien publié pour aucun de ces deux auteurs. Les présentations sont cependant bien faites, notamment pour ce qui concerne l’immersion dans une époque et une culture historiques très éloignées de notre fauteuil de lecteurs. Pour ce faire, le réalisme du dessin de Genzianella, son décorum exotique et ses personnages en costumes, sont un vecteur prévalant. Le héros qui donne son titre à la série est un capitaine hollandais bizarrement échoué en des contrées extrêmes orientales. Son armement et son expérience militaire ( ?) le rendent alors précieux aux yeux d’un ambitieux seigneur. Car, à cette époque, le Japon ne connait pas les fusils et les canons – aussi curieux cela peut-il paraître, étant donné que la poudre a été exportée de Chine vers l’Europe au XIVème siècle. Dans ce contexte, Williams Adams peut bizarrement faire sa diva, jouant sur sa farouche indépendance… cela ne devrait pas durer dans les prochains tomes. Les opportunités offertes au héros (il profite d’une étonnante liberté de parole et de mouvements) ; ainsi que les énigmatiques raisons de sa présence au Japon (le Pacifique et l’Océan Indien ne sont pas le chemin le plus court entre l’Amérique du Sud et la Hollande !) ; ou de ses compétences (un commerçant s’y connait donc en armes ?) sont autant de (petites) limites portées à cet épisode pilote. A suivre dans un second et dernier volume d’ores et déjà baptisé Kurofune.