L'histoire :
Bakary est un petit capitaine de pêche en Gambie (petit pays africain au Sud du Sénégal). Il a investi dans de nouveaux filets de pêche et dans un moteur, qui lui permettent de rapporter plus de poissons et de partir plus loin au large, à bord de sa pirogue avec son équipe. Il y a bien été obligé, étant donné la concurrence des gros chalutiers qui pratiquent la pêche pélagique. En outre, à l’usine (chinoise) située juste à côté de leur petit port de rattachement, ils achètent plutôt facilement les grosses quantités… Cette économie assure la survivance des locaux, même s’ils doivent trimer pour faire vivre leur famille. Bakary a en effet deux enfants et une épouse adorable, qui travaille aussi dur au sein d’une fumerie de poisson. Sa plus jeune fille Hadja est encore à l’école et souffre de problèmes d’asthme importants. La famille et les médecins locaux se refusent de croire que les odeurs pestilentielles qui s’échappent régulièrement de l’usine ont une responsabilité dans son état. Son ainé Ismaila est passionné de football et se destine à un avenir de journaliste sportif. Il veut aller à l’université, même s’il sait que cela l’éloignera d’Adama, la fille dont il est amoureux et qui milite pour la cause écologique. Adama organise régulièrement des nettoyages collectifs du littoral et elle fulmine contre cette usine qui rejette ses déchets toxiques au large, via un long tuyau enfoui sous la plage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Savez-vous où situer la Gambie ? Ce petit pays africains, d’à peine 50 km de « haut » se trouve enclavé dans le Sénégal, avec un accès à l’océan Atlantique. C’est là-bas que Laurent Galandon et Jean-Denis Pendanx nous emmènent à la fois pour une découverte de ce pays méconnu, mais surtout pour un propos écologique général sur les dégâts de la surpêche et l’exploitation de la misère par de grosses multinationales agroalimentaires. Le focus se porte sur la famille de Bakary, petit pêcheur devenu rouage malgré lui d’un système horrible. Bakary a investi dans un moteur et des filets « interdits » et il doit désormais passer le reste de sa vie à rembourser. Son objectif premier est cependant louable : permettre à ses enfants de faire des études, d’être en bonne santé et de s’extraire de cette vie d’esclave. Bakary n’a pas le choix et se « range » sous la coupe du contremaitre, un sbire manipulateur du grand capital, son propre frère. Le propos central est certes un peu convenu et manichéen… mais pourtant réaliste. Il y a les gentils écolos malmenés par les méchants pollueurs et à la fin, devinez qui gagne ? Un propos excellement bien métaphorisé par l'image de couverture. Le scénario évite cependant de faire la morale, mais nous attache aux personnages. Il décrit une perversité hélas réelle et vieille comme le monde : l’exploitation humaine. Etant donné que celle-ci accélère la fin de l’anthropocène, ne vous bilez pas, il n’y en a plus pour très longtemps. Tout cela est porté par un dessin en couleurs directes comme toujours majestueux de Jean-Denis Pendanx. L’artiste est l’un des tout meilleurs, qui parvient à équilibrer l’expressivité des personnages et la justesse des lieux, via des décors authentiques et des cadrages impeccables. Le top du top, au service de la plus noble des causes.
