L'histoire :
Agrippine est de sortie aujourd’hui avec sa mamie. Cette dernière lui a promis de lui acheter pour son anniversaire les derniers boots à la mode. Des boots faits en tatou strassé – ou stressé avant qu’on abatte l’animal – super sexies à mort ! Problème : la vendeuse ne les a plus qu’en 38. Agrippine chausse du 42, c’est raté. En revanche pour mamie, c’est une affaire qui roule ! Agrippine et sa mamie ont les mêmes goûts et c’est souvent commode. Mais sur le coup, Agrippine en veut à mort à sa mamie de l’avoir doublée ! Agrippine laisse sa mamie furax, souhaitant même sa mort !!! Mamie est outrée. Elle appelle ses copines puis sa fille. Elle n’en revient pas que sa propre petite-fille ait souhaitée sa mort. Rentrée chez elle, débarque son fils Jean-Million (qui ne supporte pas qu’on l’appelle ainsi). Comme d’habitude, il rame dur, prétend qu’il est sur une affaire béton et finit par soutirer du fric à sa mère. Jean-Million est intermittent du spectacle et tient à son statut. Il bosse pour la télé. Enfin, il le voudrait bien (…). Mamie lui raconte l’histoire d’avec Agrippine : ça fait un foin ! De son côté, Agrippine est aussi rentrée chez elle. Ses parents – qui ne se sont jamais aussi bien entendus – lui annoncent, à elle et son jeune frère, qu’ils divorcent ! Avec grand-mamie chez les zonzons et Candida qui picole, manquerait plus que Mamie casse sa pipe pour de vrai !...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a cinq ans, paraissait le 7e album des aventures d’Agrippine, Allergies. Un cru mi-figue mi-raisin. Voici aujourd'hui une Agrippine déconfite mais revigorée ! Claire Brétecher s’attaque cette fois de plein pied à la famille, à son avenir, aux divorces faciles, aux enfants et parents imbéciles, aux profiteurs et aux indignes, à la mort enfin. Le pitch est un peu compliqué (et résumé ci-dessus) mais en gros, Agrippine en a gros sur la patate – à tort ou raison. Encore plus qu’à l’habitude, Claire Brétecher semble avoir pris à cœur cette aventure et s’être penchée sur le moindre détail. Les personnages sont comme toujours succulents, caricaturés à souhait tout en évitant le cliché, et l’on appréciera tout particulièrement le fils à maman raté, la mamie « chébran » et l’arrière grand-mère zonzon ! Claire Brétecher prend son temps pour installer son affaire sans pour le moins mécontenter son lecteur. L’histoire monte progressivement en régime jusqu’à rassembler toute la famille à l’occasion de la mort (appelée de dépit par Agrippine) de la mamie. Une tragédie ! Une grande première aussi qu’une morte (ou décès d’un proche) sur la série. Hélas, le soufflé retombe vite – avec toutes les précautions d’usage à employer en ce cas. Claire Brétecher n’a sans doute pas le courage d’enterrer un si truculent personnage ; elle s’en tire par une pirouette. Dommage ? Vous jugerez. Ce grand format chez Dargaud ne laissera pas en tout cas son public déconfit ! Ou de plaisir alors. Un cru dans la veine du Destin de Monique, c'est dire...