L'histoire :
Agrippine est allergique à l’or, au nickel et au saphir (pas évident pour les piercings), aux mythos, aux cacahuètes (des autres !), à la colle des tatoos, aux poils de chat, au pollen, à la cuisine afro, au string porté devant-derrière, aux chaussons marrons, à la touche 5 des téléphones portables (question d’onde), aux types qui sifflent du nez, au nouveau gloss de chez Bernique, aux religions, aux barbes qui grattent, à la saule ravigote, au faridon de cochon, au mitonné de céleri, aux taches ménagères et au langage néo-post urbain décadent utilisé par sa grand-mère. Alors elle va chez l’allergolo pour se faire désensibiliser. Ce dernier lui colle des tests, elle loupe des rencards avec Persil Wagonnet (son mec), et frime grave devant ses potesses parce que même si ça la vénère, c’est quand même hypra délire ! A part ça, elle kiffe en douce de se taper le prince William et s’occupe (un peu) de Zonzon, son arrière-grand-mère complètement à la masse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Autour du thème central des allergies, pathologies à la mode en ce début de XXIe siècle, Claire Brétecher a toujours une fâcheuse tendance au féminisme exacerbé. Réduire l’image de l’adolescente à une sale gamine réac’ qui met un point d’honneur à faire dépasser la ficelle de son string au dessus de son jeans taille basse, c’est un peu réducteur… Si au moins c’était drôle ! Ces quelques tranches d’humour en une planche, plus ou moins inspirées, sont avant tout bien en phase avec notre époque. Mais à vouloir être libérée à tout prix, la gente féminine aurait tendance à sombrer dans la vulgarité. Il faut reconnaître que la donzelle ne fait pas dans le raffiné... Mais bon, c’est le créneau de Bretécher depuis 1988, date à laquelle elle fit naître son ado rebelle et déroutante dans les pages du Nouvel Obs’. Il faut tout de même reconnaître à Agrippine une certaine propension à secouer le cocotier de nos travers sociaux. Au cœur de ses chroniques, le conflit des générations est particulièrement bien exploité et le langage « urbain décadent » nous propose un large éventail d’inventions sémantiques plutôt jubilatoires. Comme d’hab’ quoi : total free mais un peu relou.