L'histoire :
A Salon de Crau, au XVIème siècle, Michel de Nostre-Dame, le grand Nostradamus, a une vision d’un siècle futur où un germain sèmera la terreur et la désolation, la haine, la torture et l’extermination… L’homme, déjà vieux, est exténué. Mais son fils César lui amène un paquet contenant les effigies d’un chat et un hibou, qui terrifient le vieil homme. Ces statuettes sont accompagnées d’un mot, « bientôt ». Le lendemain, Nostradamus dort plus qu’à l’accoutumée, ce que salue son épouse, Anne, qui le fait réveiller par sa ribambelle d’enfants. Il décide alors de raconter son secret à Anne, son épouse. Comment, lors de la grande épidémie de peste noire, il a abandonné dans sa ville d’Agen sa première femme et ses deux enfants, à qui il a donné ces statuettes, et qu’il a confiés à son ami et maître Scaliger. Mais de retour de sa campagne sanitaire, sa famille avait disparu, des suites de la peste… Alors que sa femme part, toute retournée, Nostradamus apprend que ses disciples, qu’il a envoyés résoudre des affaires délicates, n’ont plus donné signe de vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès l’ouverture de l’album, on tombe sur une petite dithyrambe d’Enrico Marini (Le Scorpion, Les Aigles de Rome) qui encense son collègue Juan Luis Landa pour la qualité de son dessin, sa générosité et son talent. Quoi d’autre ? Que dire ? Arthus Trivium est une bande dessinée qu’on pourrait regarder pendant des heures, tellement les dessins sont vifs et riches. L’univers, sombre et baroque, est d’une sensualité confondante. Les expressions humaines sont parlantes et le découpage des cases est dynamique et dense. Les gros plans succèdent aux paysages, tous aussi réussis que cette miction arrosant un lys (est-ce un lys ?), ou les deux cavaliers chevauchant vers Montélimar… C’est tout bonnement à couper le souffle. Si au moins le scénar nous laissait tranquille… Mais en fait, le talentueux Raule, déjà auteur de l’excellent Jazz Maynard, nous attrape par la gorge dès les premières cases. Et il serre, tout doucettement jusqu’à la fin, nous étrangle vraiment deux ou trois fois, nous soulève de terre aussi pour nous laisser tout pantelant devant une fin aussi terrifiante qu’alléchante. Good Gracious ! C’est pour quand la suite ?