L'histoire :
Trois flics noirs font un voyage stellaire pour rejoindre une base terrienne sur une très lointaine planète dotée d’une végétation luxuriante. Quand ils arrivent à Biotope, ils découvrent un environnement high-tech qui respecte strictement l’écosystème de la planète. Les rares sorties se font suivant des protocoles scientifiques encadrés et la vie en vase-clos n’a rien d’exaltant. Cette société aseptisée connait toutefois un épisode tragique exceptionnel : un meurtre a été commis. Sur place, tous s’accordent sur l’origine passionnelle du crime : le meurtrier entretenait une relation homosexuelle tourmentée avec le défunt. Lors d’une altercation, un coup de feu était malencontreusement parti. Après avoir placé le meurtrier en garde à vue pour la nuit, les autorités devaient le retrouver pendu dans sa cellule le lendemain. Le commissaire Toussaint et les inspecteurs Langevin et Rouget ne se satisfont néanmoins pas de ces explications. Ils comptent bien mener leur enquête jusqu’au bout. Toutefois, l’ambiance est austère dans cette base entièrement dédiée au monde scientifique. Les trois policiers ont d’emblée l’impression qu’on leur dissimule des informations. Les investigations s’annoncent difficiles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cette nouvelle série hébergée par la collection Poisson pilote, le scénariste Appollo mélange subtilement le genre de l’enquête policière à celui de la science-fiction, dans un premier tome réjouissant. Avec un certain pragmatisme dans la narration, il a tôt fait de présenter les protagonistes et de planter le décor. D’un côté trois flics noirs : le commissaire, un petit gros bougon et fumeur (dans une base non-fumeur…), supporte un couple d’adjoints qui se cherchent des poux. Ces personnages, qu’on a plus coutume de croiser dans les séries américaines, se retrouvent plongés dans un milieu bien loin du leur : un monde scientifique, contrôlé, austère, aseptisé et – comble de l’angoisse – coupé du monde. Car après ces présentations, le scénariste installe subtilement une atmosphère pesante, un mal-être permanent. Les éléments de l’enquête se dérobent, le temps paraît long, les tensions sont palpables. Soudainement, les choses se précipitent, laissant le lecteur médusé, mais... chut ! Cela se savoure en le lisant. En outre, les zones d’ombres ne seront démystifiées qu’au prochain épisode. Le dessin réalisé par Brüno est d’une simplicité déconcertante, mais aussi d’une efficacité redoutable. Le contraste de cette légèreté graphique ne nuit en rien aux ressorts dramatiques du récit. La colorisation excellemment fade de Laurence Croix, ajoute encore au sentiment de malaise qui émane de la base Biotope. L’ensemble s’avère une excellente surprise, originale, fluide et passionnante, qu’on prendra un grand plaisir à retrouver dans le prochain tome…
