L'histoire :
Trent Jackell est devenu vice-président des Etats Unis : une bonne raison pour que son ami d’enfance, Floyd Whitman, se décide à refaire surface. Cet ex-agent de la CIA, en fuite, ne tarde pas à découvrir de sombres magouilles autour de l’élection présidentielle, ainsi que sur l’existence d’une Black OP : la liquidation de 67 membres de la mafia russe, organisée de concert par la CIA et l’ex KGB. Le nouveau président cherche ainsi à faire disparaitre toutes traces de son passé à la CIA. A l’époque, en compagnie de Whitman, il avait remis à flot (à coup de divers trafics et millions de dollars à la clef) la mafia russe pour faire chuter l’empire communiste. L’opération devrait débuter d’ici quelques heures, mais Floyd Whitman est bien décidé à être le grain de sable qui empêchera le projet d’atteindre son but. Car pour parvenir à la maison blanche, Jackell n’a pas hésité à sacrifier son ami en lui volant argent, ami, amour et, s’il avait pu y parvenir, la vie. Il reste moins de 3 heures à l’ex-agent pour le faire tomber et l’empêcher de faire disparaitre les preuves qui le compromettraient. Une visite de la maison de campagne du vieil ami s’impose. Pourquoi pas une petite discussion avec son épouse (qu’il a très bien connu…) ou le fiston (directeur de la CIA) ? A moins que quelques agents surarmés ou des russes en colère ne viennent perturber ces plans…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce 6e et dernier opus, Stephen Desberg met fin au compte à rebours qu’il égraine avec malice et virtuosité depuis l’entame de cet efficace thriller d’espionnage. On ne pourra certes pas encenser l’originalité de la trame, ni sa conclusion, mais pour ce qui est de la manière de faire et l’art de nous tenir en haleine, peu sont parvenus à atteindre ce niveau. A ce titre, Black Op restera un génial exercice de construction : ciselé pour happer, rythmé pour adrénaliser, huilé pour offrir un maximum de crédibilité. D’apparence complexe à la lecture des premiers tomes, l’intrigue (prenant pour socle la collusion mafia russe/CIA et les dommages collatéraux engendrés) se révèle parfaitement limpide à mesure du récit, en particulier grâce aux éclairages récurrents offerts par les flashbacks, véritables conducteurs de la saga. La conclusion offerte par ce 6e album nous permet d’assembler les quelques pièces restantes du puzzle, pour un final mettant en scène tous les protagonistes et permettant de savoir qui, de Whitman ou de Jackell, sortira vainqueur du combat. Ici encore action, rebondissements et – surtout à nouveau – parfaite immersion dans les coulisses du pouvoir sont au rendez vous… mais toujours au détriment d’un soupçon d’on ne sait quoi, qui rendrait nos héros plus attachants. Ni les amours croisés, ni le jeu des trahisons ou les blessures d’enfance, n’activent chez eux cette petite pointe d’humanité généralement convoyeuse d’une profonde empathie. L’essentiel est ailleurs, porté par l’élégance du trait unique et magistral d’Hugues Labiano : offrir une excellente série d’espionnage, crédible, intelligente et huilée qui, à l’instar des meilleurs romans du genre, force le respect.