L'histoire :
« Ah, ce Blotch, quel talent ! Quel coup de crayon, quel verve ! Il est le roi du dessin d’humour et du trait d’esprit. Parmi les collaborateurs de Fluide Glacial, « le journal du véritable humour français », nul ne saurait lui être comparé. Jean Bonnot, cet infâme tâcheron publié par le concurrent, le Rire populaire, n‘est qu’un amuseur à la petit semaine. D’ailleurs, Blotch songe à se remettre à la peinture, c’est tout dire. Et qu’on ne vienne pas lui parler de Miro, ce vulgaire barbouilleur ! Même Picasso s’incline devant son talent. L’homme, qui sait mettre les rieurs de son côté, est un phare de la vie parisienne. Son génie n’a d’égal que sa modestie ». Dans cette compilation de 128 pages, retrouvez intégralité des esclandres du (soi-disant) meilleur dessinateur parisien d’humour.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Christian Hincker (Blutch) est désormais bien installé. Un dessinateur inventif reconnu et estimé, que l'on édite même dans des formats beaux livres. Un auteur à l'aise avec la peinture contemporaine et connaissant par cœur les codes et l'histoire de la bande dessinée, mais qui n'a cessé cependant au fil du temps d'user d'un humour caustique hyper bien senti. Qui se souvient néanmoins qu'avant Blutch, il y a eu Blotch ? Un alter ego apparu dans les pages de la revue BD d'humour Fluide Glacial en 1998, au sein de laquelle l'auteur publiait depuis 6 ans. Révélé avec ses histoires courtes en noir et blanc à l'humour potache et cynique, pleines de tendresse, Blutch a revisité le western, créé le personnage féminin de Synnymoon et celui du Petit Christian, puis ce Blotch. Blotch est la caricature parfaite de l'artiste arriviste merdeux, sans talent réel, persuadé de son génie, aux comportements déviants. Il est suffisant, machiste, porte un physique peu avantageux, et surtout, produit pour le petit journal qui l'emploie, des dessins véhiculant des idées et un humour dépassés, en tous cas, pour les lecteurs de l'an 2000. Mais Blotch nous immerge aussi dans le milieu politique et culturel de la presse et du dessin de l'entre-deux-guerres, avec des références semées au fil des pages dans une malice assumée, que l'on prendra un grand plaisir à déceler. La mise en abîme consistant à agrémenter les planches des mésaventures du caricaturiste, de dessins légendés typiques de ces journaux d'époque, qui lui sont attribués. Concernant le trait de Blutch, celui-ci est arrivé à son apogée et l'on se régale de la moindre case. Si Blotch fait pitié, Blutch nous fait rire, mais... est-il bien normal que ce magnifique illustrateur ait délaissé les sincères éditions Audie, découvreuses de son jeune talent, afin de rejoindre la grande maison Dargaud ? D'autant plus qu'elles ont obtenu le rajout de l'histoire initialement publiée dans l'ouvrage Cornélius ou l'art de la mouscaille ; une autre inédite, ainsi que de nombreuses nouvelles illustrations... Blotch revient et la concurrence reconnaît enfin son talent avec une édition à sa hauteur ; il était temps !