L'histoire :
Après une partie de poker, Blueberry fait la rencontre du lieutenant Graig. Plus tard, ils se retrouvent sur la piste du Fort Navajo. En chemin, ils tombent sur la ferme de la famille Stanton et découvrent l'horreur : complètement brûlé, le lieu a été pillé et attaqué par des Indiens. Tout le monde est mort et le sol est jonché de cadavres. Sauf un, le petit garçon des Stanton, apparemment, dont on ne sait pas grand-chose : mort ou retenu en otage, il a en tout cas disparu. Les preuves sont irréfutables : il s'agit bien d'Indiens, sûrement des Apaches, les plus nombreux dans la région. C'est le grand-père Harris, sur le point de mourir, qui les en a informés. Graig jure alors de se lancer sur les traces des ravisseurs. Après une attaque d'Indiens à laquelle ils ont pu échapper, Graig et Blueberry se retrouvent à Fort Navajo, au cœur d'un territoire indien, quartier général d'un bataillon de tuniques bleues détaché des forces de cavalerie américaines yankee commandé par le major Bascom. Pour réussir dans cette mission, Blueberry va devoir s'adapter à Graig, un peu tête-brûlée et inconscient, à Bascom, personnage habité par la haine des Indiens et bras-droit du colonel Dikson, officier commandant le Fort Navajo. Une tuerie odieuse, la destruction d'un village, et c'est toute une région à feu et à sang...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l'heure où la jeunesse de notre pauvre Blueberry est traitée de manière désastreuse, Dargaud réédite, sous forme d'une intégrale prévue en neuf tomes, les fabuleuses aventures du lieutenant le plus mythique du 9ème art, signées Jean-Michel Charlier et Jean Giraud (alias Moebius), deux immenses auteurs. Qu'il est bon de retrouver Blueberry, même après tant d'années (il a débuté en 1963). Ce personnage ancré dans la postérité et l’exotisme de contrées arides et désolées, traverse l'histoire des Etats-Unis et de ses luttes fondatrices entre Blancs et Indiens. Dans ce volume introductif regroupant les trois premiers tomes (Fort Navajo, Tonnerre à l'Ouest, L'Aigle solitaire), Jean-Michel Charlier posait les jalons d'un personnage complexe aux allures de Belmondo (beau gosse, malin, indiscipliné, bagarreur) et d'une foule de second rôles aussi typés et humains que fourbes, racistes ou alcooliques. Il déterminait aussi les bases d'une trame historique palpitante et criante de réalisme, entre tuniques bleues et peaux-rouges. Sans oublier les décors, authentiques et fidèles, qui sourdent de révoltes à venir. Plus une intrigue captivante, pleine d'action et de rebondissements. Côté graphisme, un rendu pictural inégalable, grâce auquel on sue et on angoisse, effrayés que nous sommes par les Hooka hey d'Apaches en furie, la violence des combats et le fracas des chevauchées sauvages, signés par l'un des dessinateurs les plus importants du 9ème art, doué d'une précision d'horloger. Une certitude : Giraud laissera un grand vide, bien plus béant que tous ces canyons ou horizons dessinés avec rigueur et passion. Pour l'édition, le papier choisi et la maquette font preuve d'une sobriété idoine, tandis que José-Louis Bocquet préface cette intégrale de belle manière : intéressant, et privilégiant le contexte de création. Un vrai western comme au cinéma, beau et puissant. Blueberry n'est pas moins qu'un classique, une œuvre culte de la bande dessinée. A lire ou relire.
