L'histoire :
Cela se passe en général dans un palais de justice provincial. Au barreau, divers accusés, convoqués pour divers délits communs, répondent de leurs actes et font face à leurs responsabilités. Parmi eux, il y a le prévenu condamné pour violences conjugales, l’alcoolique récidiviste qui conduit invariablement avec 3g d’alcool dans le sang, le délinquant « incivilisé » et analphabète, l’obsédé sexuel qui s’est rendu coupable d’exhibition… Mais aussi le quidam sanguin qui s’est « lâché » en présence d’un représentant des forces de l’ordre, le petit plaisantin qui prend le tribunal pour une scène comique, le type adepte des harcèlements téléphoniques… Ou encore le cambrioleur ordinaire, les skinheads néonazis, le minable braqueur décérébré, ou même le taré qui se balade depuis deux ans avec les cendres de son chien bien-aimé dans un sac plastique. Devant eux, un juge austère et rigoureux veille au déroulement impartial de la machine judiciaire. C’est à ce moment, souvent, que tout déraille. Sommés de s’expliquer, les accusés rivalisent de répliques inattendues, d’explications culottées ou désarçonnantes de crétinerie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En marge des aventures ordinaires et néanmoins abasourdissantes de Victor Lalouz, Diego Aranega, cette fois au dessin, anime depuis plusieurs mois les pages du quotidien Libération, en compagnie de son compère Lefred-Thouron (aux scénarii). Dans la forme, ces chroniques judiciaires humoristiques adoptent les mêmes « gaufriers » de 6 cases, sur une demi-page, que les gags de notre bien-aimé (mais crétin) Victor. Pareillement, les auteurs cherchent le biais le plus percutant pour chatouiller nos zygomatiques avec une réplique qui tue dans la dernière case. Découvertes au quotidien dans la rubrique judiciaire d’un grand journal, cela fonctionne plutôt pas mal. Les situations sentent presque le vécu et les auteurs en extraient des scénettes équilibrées et savamment amenées dans la gestion de la chute. Pourtant, une fois réuni en recueil, le résultat ressemble un peu à un « bêtisier de la justice » adapté en BD, avec les limites inhérentes et rébarbatives du format catalogue. Sans doute, d’ailleurs, y a t-il du vrai dans ces anecdotes décalées, pour peu que Lefred-Thouron ait recueilli ses idées auprès de membres de la profession. Il persiste une photographie à la fois cocasse et pathétique des tares de notre société moderne…