L'histoire :
Profitant de l'absence de son mari, l'empereur Maximilien, et épaulée par le colonel Alfred Van Der Smissen, dont le charme certain est loin de la laisser insensible, Charlotte de Belgique a pris en main la destinée de l'empire mexicain. Force est de constater qu'elle s'en tire plutôt bien, maniant une forme d'autorité naturelle avec une sensibilité déconcertante. Les autres parties à la table (le clergé, l'armée...) sont prises de court par ses décisions justes et avant-gardistes, car elle prend soin du peuple. Malheureusement, l'embellie est de courte durée car l'empereur a décidé de revenir de son escapade tumultueuse. A son retour les choses se gâtent. Les révoltes prennent une grande ampleur. Pire encore, l'armée française se prépare à quitter le Mexique. Par ailleurs, Maximilien n'a pas abdiqué à l'idée de concevoir un héritier à la couronne. Mais Charlotte, le sachant atteint de la syphilis, refuse de partager sa couche et de répondre à ses attentes. C'est ainsi qu'ils se tournent vers l'adoption, à moins que... elle ne finisse par succomber à la tentation et à l'appel de la chair incarné par Van Der Smissen...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En lisant l'histoire de Charlotte Impératrice depuis déjà 3 actes (appartenant au champ lexical du théâtre, ce qui dévoile l'intention scénaristique), on peut comprendre quelle mouche à piqué Fabien Nury de se lancer dans cette aventure. Charlotte est une femme moderne qui doit jouer des coudes dans un monde figé dans sa tradition et la décadence, où le pouvoir reste l'apanage des hommes. Même s'il réinterprète le récit de Charlotte de Belgique, non sans prendre quelques libertés et avec le brio qu'on lui connaît, Fabien Nury montre une nouvelle fois son excellence scénaristique. Sa capacité à insuffler un élan se met en scène devant nos yeux, jouant ici avec les séquences fortes et les pauses matérialisées par les correspondances de Charlotte avec son père, au sein desquelles elle exprime ses sentiments. Face à l'adversité, elle trouve la force et la conviction pour faire entendre sa voix. Matthieu Bonhomme accompagne la dynamique du récit avec son talent graphique (qu'on ne présente plus !). Celui-ci retranscrit parfaitement l'intensité « calliente » du Mexique de l'époque, l'inconscience de Maximilien, la force de caractère de son épouse qui, même bafouée, se relève, montrant son jusqu'au-boutisme, son souhait de ne jamais baisser les armes, le regard et l'amour qui l'habite. Vivement le prochain acte !