L'histoire :
La cour, ainsi que l’archiduc Maximilien d’Autriche et de Charlotte de Belgique, est sur le point de mettre pied à terre après plusieurs mois passés en mer. Le jeune couple de sang royal est placé à la tête du Mexique par le Conseil supérieur du Gouvernement agissant au nom du peuple mexicain. Le conseil souhaite mettre en place une monarchie jugeant le système de fédéralisme défaillant. Dans le port de Veracruz, les deux époux jouent leur rôle à la perfection. Descendant le ponton et mettant le pied sur le sol mexicain, l’archiduc, d’une façon théâtrale, met un genou au sol et fait glisser le sable entre ses doigts. Un fois dans le carrosse impérial, l’archiduc demande à Charlotte si ce n’était pas trop de mettre le genou au sol car la légende raconte que Colomb avait fait le même geste. De son coté, Charlotte est confrontée à la vision de la pauvreté dans laquelle vit le peuple mexicain. Sous une chaleur de plomb, la délégation de l’archiduc se dirige vers Mexico en train. Dans le wagon impérial, Maximilien prépare son discours. Le plus gros dilemme est de placer dans un ordre précis les principaux alliés, à savoir le clergé et l’armée française, afin de ne pas les froisser et perdre leur maigre avantage. Lors de leur halte, Maximilien va comprendre qu’en plus de faire face à la pauvreté de son nouveau peuple, s’adapter à des us et coutumes différentes du vieux continent, apaiser ses partenaires, il devra faire taire un certain Benito Juarez, force vive révolutionnaire, qui n’envisage pas de laisser la direction de son pays à des étrangers.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fabien Nury et Matthieu Bonhomme continuent de nous conter l’histoire librement inspirée de la vie de son altesse impériale Charlotte de Belgique. Les auteurs sont très clairs : le récit mélange allègrement l’authenticité, la supposition et l’invention. Nury, le scénariste, nous plonge dans la fournaise mexicaine. Les enjeux pour le jeune couple sont nombreux. Leur objectif principal est de réussir leur épopée mexicaine, car le fiasco italien est encore bien présent dans les mémoires. La tâche est ardue car le peuple est pauvre, les maladies nombreuses, les rebelles actifs et les alliés versatiles. D’ailleurs, dans un élan de modernité, l’archiduc va réussir l’exploit, à travers son discours, de se mettre à dos la justice, le clergé et l’armée. D'ailleurs, l’armée est française, ce qui pose un problème de fidélité majeur, car elle ne combat pas pour les convictions de Maximilien mais pour la solde. Nury réussit une nouvelle fois à nous rendre spectateur attentif de l’épopée mexicaine du jeune couple avec une question de fond : jusqu’où vont-ils tomber ? Le scénariste réussit à mettre en place un jeu politique simple mais intéressant, ajoutant du corps au récit. Au niveau du dessin, comme pour le premier tome, Matthieu Bonhomme nous régale. Le visuel est superbe. Le dessinateur réussit à nous immerger tantôt dans des paysages verdoyants, tantôt désertiques, avec une grande précision dans le détail. Il nous emmène dans le faste du palais impérial et ses nombreuses dorures ; puis il nous transporte sans ménagement dans les plantations avec son esclavage des indiens ; dans les dispensaires où la mort rôde autour des malades ; ou dans ces charniers de l’armée française qui entasse les rebelles mexicains. Autant le récit peu paraître léger si l’on ne regarde le scénario qu’au travers du prisme du couple impérial, autant ce dernier peut devenir plus complexe et intéressant si l’on prend la peine de poser sa réflexion sur les conséquences de l’impérialisme européen du milieu du XIXème siècle.