L'histoire :
Créateur au sein d’une agence de pub parisienne, Sébastien Dugroin planche sur la campagne pour les slips Pelletier lorsqu’un coup de téléphone lui apprend brusquement la mort de son père Gérard. Les circonstances de son décès sont pour le moins abominables : suite à un accident avec un camion rempli de cochons, Gérard Dugroin s’est fait dévorer par les porcs évadés ! Sébastien se rend à l’enterrement de son père, dans un village paumé entre Angoulême et Barbezieux, en compagnie de sa fiancée du moment, mignonne mais très cruche. Ils passent tous deux la nuit dans le corps de ferme familial, pour régler le lendemain la succession. Ils font alors d’étranges découvertes. Ils retrouvent des somnifères, alors que feu Gérard avait un sommeil de plomb, puis une canne, alors qu’il gambadait comme une gazelle… Puis ils tombent sur une poupée entourée de barbelés, une photo de lui recouverte de cire, 3 bougies noires plantées dans un cœur enterré, un sexe en plâtre surmonté d’un clou… Cet arsenal vaudou pousse Sébastien à appeler Mélanie, son ex, férue de sorcellerie, à la rescousse. Cette dernière leur explique que « l’amour, la vengeance et la possession ont toujours été les trois mamelles de la sorcellerie »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Le village qui s’amenuise, le duo Corbeyran-Balez récidive avec ce second one-shot, moins invraisemblable, mais toujours baigné d’une ambiance humoristico fantastique. Débuté comme une chronique sociale, le récit se transforme rapidement en polar, à travers l’enquête sur la mort de Gérard Dugroin. Au scénario, Eric Corbeyran parvient à entremêler des investigations très sérieuses avec une légèreté de ton bienvenue. Pourtant, le temps d’une tirade sur le deuil d’un proche ou d’une leçon théorique de sorcellerie, Corbeyran nous séduit une fois de plus grâce à son talent de conteur hors pair. Son héros est inspiré graphiquement et professionnellement par Frédéric Beigbeder, publicitaire et « bobo décadent » (bobo=bourgeois bohème). Ce dernier se défend toutefois de tout parallèle, dans la préface la plus minimaliste qui puisse se trouver dans l’histoire des préfaces. Au dessin, Balez ne s’encombre pas de détails superflus. Son coup de crayon nous fait partager le propos sans se prendre au sérieux. A plusieurs reprises, les parenthèses de la narration sont rendues dans un style plus abstrait, parfaitement approprié aux aspects imaginaires (les souvenirs, les confessions, la leçon de sorcellerie). Enfin, l’habile conclusion qui fait un parallèle entre la logique publicitaire et la magie noire est édifiante : il suffit d’y croire pour que ça fasse effet !
