L'histoire :
Comment déterminer qu’on est bel et bien entré dans le XXIe siècle ? Quand l’assouplissement des congés maternité permet l’arrêt sans avoir besoin d’être enceinte. Quand en raison de la crise, les banques se mettent à faire du télémarketing pour emprunter auprès des particuliers. Quand les jeunes des banlieues se prennent pour les Robin des bois des temps modernes en brûlant des voitures de riches pour donner aux pauvres. Quand les industriels de l’automobile s’interrogent sur le point de jonction de deux courbes, étant donné que le prix du baril est inversement proportionnel à celui des bagnoles. Quand un candidat à la présidentielle, pour dépoussiérer la tradition du débat télévisé d’entre deux tours, envisage la forme du karaoké. Quand les gamins emprisonnés à 12 ans demandent une autorisation de sortie pour faire leur communion. Quand le dernier sport à la mode des rejetons de bobos est de sortir avec des djeunz prometteurs qui votent Lutte ouvrière. Quand l’avènement des écrans plats permet dorénavant de voir les films plus tôt sur les chaines du service public…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’attention de ceux et ceuzent qui résistent encore et toujours® aux définitions barbares de la médecine moderne, signalons, pour bien débuter, qu’une coloscopie consiste d’ordinaire à introduire un instrument dans le fondement naturel du patient, à des fins d’analyse. Tout un programme fleuri qui, ici appliqué à notre bonne vieille société française et aux décisions aussi hétéroclites que cadencées de nos hommes politiques (très en forme depuis quelques mois), offre une infinité de sujets de gausserie. Dans ce recueil de dessins de presse, précédemment publiés au fil des 6 derniers mois (majoritairement) sein du Canard enchainé (majoritairement), Lefred-Thouron fait culminer la diatribe sociopolitique. Pour ce faire, il n’a guère besoin de dessins chiadés : 3-4 courbes hyper synthétiques et posées là en 1 minute, suffisent souvent à la percussion optimale. L’auteur introduit chaque chapitre par des prologues (con-)textuels et enluminés, à se taper le coquillard. Cette verve stylistiquement déglinguée se fait incroyablement juste lorsque les démonstrations par l’absurde finissent dans le mille par une conclusion pertinente. Son florilège aborde diversement le problème de la surpopulation carcérale, des réformes de masse, des oscillations des droits salariaux, des affaires politiques, de la « crise », de la jeunesse dépravée, des nouveaux modes de communication facteurs de mutations sociales… « Le bouillonnement est permanent, la société change à grande vitesse ». Un instantané cynique, percutant et franchement fendard de notre continuum espace-temps…
