L'histoire :
Un jour de Paris humide et gris, Julie décide de se faire une toile : elle choisit d’aller voir Quand la mer monte de et avec Yolande Moreau. A la sortie du cinéma, elle reste sous le charme de cet instant magique et souhaite le prolonger en écrivant une jolie lettre à cette actrice qui l’a tellement émue. En réponse, Yolande Moreau l’invite, chez elle, quelque part prés de Vernon. Julie n’est pas déçue : l’actrice est telle qu’elle se la représentait : une géante dont le rire est une perfection, forte et douce à la fois. Dans la grange remplie de cages à oiseaux vides, de toutes les tailles, Yolande raconte ses débuts : son culot fou, ses premiers pas dans le théâtre pour enfants et le théâtre expérimental, puis la découverte un peu tardive de ses capacités à faire rire. Cette découverte lui donne envie d’écrire seule un spectacle pour au-delà du rire, toucher ce qu’il ya de plus humain en chacun de nous… Après une incontournable visite du potager, du poulailler (et un coucou au coq offert par Bruno Lochet), Julie repartira des étoiles pleins les yeux et la promesse de retrouver bientôt Yolande Moreau sur grand écran. Cette rencontre est une formidable mise en bouche qui ouvre à Julie un fort bel appétit : Sylvie Joly, Florence Cestac, Michèle Bernier, Maria Pacôme, Anémone, Amélie Nothomb, Tsilla Chelton et Dominique Lavanant se prêteront elles aussi au jeu de la rencontre, pour tenter de la rassasier.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En neuf entretiens astucieusement mis en scène, Julie Birmant et Catherine Meurisse nous ouvrent les portes d’artistes féminines qui ont en commun humour et fantaisie. Au regard du casting proposé, on s’attend à priori à affuter nos zygomatiques pour quelques 90 pages d’humour décapant. Il n’en n’est rien, cependant, mais c’est bien loin de constituer une entrave à notre intérêt. En effet, Julie Brimant semble maitriser haut la main l’art de la rencontre, le tirage de vers du nez avec douceur et psychologie, la maïeutique l’air de rien et sans prétention. Ainsi, sans poser leur popotin sur un divan, mais plutôt en ouvrant conjointement leur cœur, leur chez elle, leur frigo et une bouteille ou deux, elles se livrent de façon touchante à un retour en arrière : l’excitation de la reconnaissance de leur talent, les dégringolades, les accrocs, le « ce qui les a amené là »… Rien de jamais surprenant, néanmoins (juste quelques anecdotes ici ou là), et même plutôt souvent très raccord avec l’image qu’on s’est forgé d’elles, en suivant de près ou de loin leurs parcours d’artistes. Le plus intéressant reste incontestablement la manière de faire : cette affection ou cet amour à peine masqué des auteurs pour les artistes et qui fait de leurs parcours, leurs faiblesses et même leurs excentricités, des moments infiniment touchants. Le trait vif et semi caricatural de Catherine Meurisse, toujours aussi habile à prolonger l’écrit ou à le mettre en avant, renforce la démonstration : derrière ce talent à faire rire (souvent inné et parfois assumé comme une fatalité), il y a une sensibilité touchante et un infini besoin de se sentir aimé.
