L'histoire :
Dans son entreprise, Christophe est ce qu’on appelle un jeune cadre dynamique. Son job lui plait et il fait figure de modèle aux yeux de ses collègues et de ses supérieurs. Un jour, son chef de service lui demande énergiquement de faire la leçon à la stagiaire du dessous, un peu baba-cool, qui abuse carrément des photocops perso. C’est Fleur, une fille plutôt cool, fringuée hippie et… assez sexy. Christophe négocie ça en douceur, en lui payant un verre. Quelques heures plus tard, les deux jeunes gens font des galipettes chez lui, dans un lit, par terre, dans la baignoire… C’est le début du bonheur. Au contact de Fleur, Christophe découvre progressivement une conception de la société différente de la sienne. Fleur n’a aucune ambition professionnelle et n’a que faire du regard des autres. Elle ne se prend pas la tête, elle a des mœurs (disons) libres, et passe son temps à aider les démunis ou à participer à des « webmob » qui ne servent à rien (c’est le principe). En dépit de – et grâce à – cette conception divergente de la vie, Christophe tombe rapidement amoureux. Comment tout cela va t-il finir ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien plus qu’une énième histoire d’amour à l’eau de rose, la romance urbaine de Christophe et de Fleur nous donne avant tout à réfléchir sur une foule de choses, à la fois communes et très intimes. Cela va des petits détails du quotidien, en passant par notre place dans notre société, notre propension à rentrer dans le moule, bref, ni plus ni moins que la conception de la vie. Le lecteur est immédiatement happé par la trame de ce one-shot, car les préoccupations de ce couple moderne l’interpellent inévitablement : en effet, tout un chacun a un jour été amené à solliciter son aptitude à dépasser ses aprioris et son éducation. C’est habile et efficient. Peu importe finalement le job de Christophe ou le bagage universitaire de Fleur : la scénariste Isabelle Bauthian se concentre sur son sujet, c’est à dire deux visions du monde légèrement différentes, malgré des valeurs fondamentales toutes deux respectables. Ce faisant, elle livre un témoignage juste, moderne et touchant de notre société occidentale. Or cela est mis en relief de manière tout aussi originale et efficace, par un autodidacte du 9e art, Sylvain Limousi. Souvent proche du manga, son trait détaillé s’inscrit dans des cadrages à la fois audacieux et néanmoins tout à fait fluides et lisibles. Surprenants, les traits des personnages peuvent par moment paraître grossiers, accompagnés d’arrières plans rudement détaillés, mais cette esthétique audacieuse est volontaire et parfaitement maîtrisée. La colorisation est elle aussi un bel exemple de modernité, à la fois sobre et subtile, laissant passer beaucoup de lumière. Lecteurs des deux sexes, faites-en de même : passez outre vos aprioris et laissez vous tenter par un premier album d’une belle originalité graphique et narrative…
