L'histoire :
Joshua a été rejeté de son clan, projeté par-dessus le mur d'enceinte de la ville par les hommes de Sylvio. Ses compagnons de toujours n'avaient pas davantage supporté de voir une partie de son visage blessé révéler qu'il n'était pas humain : des éléments d'apparence métallique apparaissant autour de son œil. Le jeune homme se réveille allongé sur un lit, dans une tenue qu'il ne connait pas. Devant lui, un personnage au visage caché porte une tenue d'apparat. La Grande Ordonnatrice se présente et lui explique comment elle a regroupé une communauté d'humains autour de sa personne qui incarne le Grand Tout, ce que dans le monde d'avant on appelait « Dieu ». Elle souhaite faire de Joshua, qu'elle sent très proche d'elle, son nouveau disciple, et va très vite le présenter à une foule rassemblée au cœur de leur petit village. Pendant ce temps, à Redsalt Canyon, les amis de Joshua reçoivent la visite de Sylvio, aux limites de leur camp. Son père a disparu avec sa demi-sœur, il veut les retrouver pour les soumettre définitivement à sa domination sur l'ensemble de la ville. Ed et Mo ne savent pas qu'ils sont cachés tout près d'eux. De leur côté, Cult et ses amis puiseurs n'arrivent toujours pas à comprendre les raisons du suicide de Joseph. Le père de Joshua les abandonne livrés à eux-mêmes, et à leur responsabilité pour approvisionner en eau toute la cité fortifiée. Les tensions vont se concrétiser, un affrontement est inéluctable.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce troisième tome, la saga concoctée de longue date par Jaouen Salaün monte d'un cran et prend de l'ampleur. Les personnages principaux sont de plus en plus incarnés, les grands enjeux de plus en plus forts. Le mystère reste entier sur les êtres visiblement extraterrestres qui semblent surveiller ce qui se passe parmi les communautés d'humains survivants. Les causes de l'effondrement de la civilisation sont partiellement expliquées par petites touches, notamment ici lorsque Joshua écoute la Grande Ordonnatrice qui cherche à se servir de lui. La série n'est pas encore terminée et on se réjouit du temps donné à l'auteur pour mener à bien son grand projet. Son investissement est visible, avec des décors toujours aussi fouillés et des scènes d'action spectaculaires. Sa patte très réaliste, en particulier les visages des personnages, n'empêche pas la qualité des expressions. Chacun d'entre eux voit ses traits de caractères se renforcer avec l'avancée de la saga. La lecture des trois premiers tomes renforce l'impression de solidité de l'ensemble. Il reste beaucoup d'inconnues à lever, mais le rythme auquel les révélations arrivent maintient une très agréable tension qui rend la lecture addictive. Pour son deuxième travail d'auteur complet – le précédent étant Asphalt Blues – Salaün semble avoir trouvé son rythme. Il a été à bonne école en dessinant de nombreuses histoires de Christophe Bec, qui sait lui aussi tenir un lecteur en haleine.