L'histoire :
Au large d'une ville détruite quelque part en Amérique du Nord, en 2122, un homme marche sur les autoroutes désaffectées. A ses côtés, un géant de deux fois sa taille, le dos chargé d'une étrange boîte, imite ses mouvements, comme un exosquelette à distance. Il détruit d'un coup de poing le véhicule lancé contre lui par un trio d'agresseurs qui s'enfuient piteusement. Il arrive bientôt dans la zone de quarantaine et demande à voir le patriarche des lieux, affirmant qu'il a un secret à révéler. Son allure impressionne, il accepte pacifiquement de se laisser contrôler, et finit par rencontrer le chef du clan dans la zone sécurisée. Il affirme alors qu'un homme sans visage va réussir à sauver les hommes dont la civilisation a été détruite par les IA, il témoigne de ce qu'il a vu en traversant de nombreuses cités de survivants. Deux jours de présence lui sont accordés, il va entamer ses recherches. Pendant ce temps Sylvio, le fils d'un des hommes qui contrôle le clan, continue de harceler Josh qui ne cherche qu'un moyen de vivre en paix à l'écart des violences quotidiennes organisées par la bande qui fait régner la loi. Il cherche aussi à s'éloigner de l'image de son père qui incarne pour lui la soumission, et à qui il reproche sans cesse de n'avoir pas connu sa mère.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après seulement deux albums, on connait déjà assez bien les membres de la communauté d'humains survivants, les rivalités qui les opposent, les enjeux de domination, les conflits personnels. L'arrivée de l'inconnu et de son robot garde-du-corps nous fait passer un cran au-dessus dans la force de l'intrigue, on commence à deviner que tout ce petit monde va se croiser, et l'auteur s'y prend très bien pour satisfaire notre curiosité tout en continuant à soulever des questions. Le scénario de Jaouen Salaün n'est pas ultra original, sa manière de révéler les clés de son univers est classique et progressive, loin de la brutalité des Dominants de Runberg et Toledano, une saga toute récente dans le même esprit survivaliste post-apocalyptique. Mais tout cela accroche bien, le passé complexe de Josh et sa manière de résister à la violence du clan de Sylvio nous le rendent attachant et inquiétant à la fois. Le dessin hyperréaliste de Jaouen est impressionnant de densité, ses successions d'ambiances de couleurs ont un véritable impact sur l'atmosphère de lecture, avec une science des lumières impressionnante. On espère que la série ne basculera pas trop rapidement vers sa conclusion, ni vers un affrontement généralisé, que rien n'annonce, cela dit. Cela nous priverait de la tension qui monte et de la beauté irréelle des morceaux encore épars d'un univers bourré d'inconnues.