L'histoire :
Jared Gail sait. Il sait que les frères Hashashins ont placé plusieurs engins explosifs sur le sol américain. Il sait que les unités du FBI interviendront à temps pour les désamorcer. Il sait que, pourtant, l’une d’entre elle, chimique, ne sera pas découverte et provoquera la mort de 300 000 américains. Il imagine alors l’onde de choc, la riposte radicale et la naissance d’une nation américaine instaurant la primauté de la loi divine sur celle des Etats Unis. Jared Gail sait. Il sait comment jouer les grains de sable dans cette mécanique huilée. Pourtant, alors que le temps presse, il s’est réfugié sur le toit d’un building. Il pointe son arme sur sa tempe. Il est prêt à tirer. Comment en est-il arrivé là ?... Tout commence en Irak. Gail est un agent non répertorié de la CIA. Il intervient alors avec Duane, un autre agent, pour rechercher et annihiler les terroristes qui se planquent à Bagdad. A cette occasion, ils prennent au piège un terroriste, qui passe à table. L’homme leur révèle l’existence d’une opération ayant pour nom de code « Ipcon » et destiné à utiliser une bombe chimique sur le sol américain. Une bombe livrée à l’origine par les américains eux-mêmes à ce bon vieux Saddam…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Calibrée comme une série TV US, coupeuse de souffle et menée à un rythme éditorial unique (6 tomes publiés de septembre à décembre 2008…), la première saison d’Empire USA avait furieusement agrippé le chaland. Avec cette intégrale (le cousin papier du coffret DVD ?), l’occasion lui est une nouvelle fois donnée de prendre entre les mailles de ses 6 épisodes tout amateur de thriller politique mâtiné de romance et gavé d’action. Car en posant le canon de son automatique sur sa propre tempe dés les premières cases de la série, Jared Gail, le personnage central, donne le ton. D'autant qu’il précise être le seul à pouvoir empêcher un attentat d’ampleur, premier acte d’une série d’événements qui conduirait à installer une Présidence de droit divin à la Maison Blanche. Soit les prémices d’un Empire made in USA… Ainsi l’accroche est immédiate et sous-tend un exercice chargé de nous montrer, d’une part, comment notre héros s’y prendra pour bloquer les rouages de cette mécanique absolutiste américaine. Mais aussi, d’autre part, de nous faire comprendre ce qui peut bien le conduire à vouloir se faire sauter le caisson. Au bout du compte et presque 300 pages plus tard : toutes les réponses à nos questions... voire mieux. Sur le fond, il faut tout de même admettre que la trame du thriller d’espionnage utilisée ne joue pas l’originalité ; il s’agit principalement de déjouer un attentat doublé d’une conspiration. Mais l’habilité du scénario force le respect. A cette trame classique, Desberg entrelace en effet analyse politique sociétale (sous le prisme des dérives radicales religieuses), sentiments, jeu du passé, interactions des psychologies et même un ressort fantastique astucieux. L’effet est redoutable d’efficacité. D'autant que l’auteur s’amuse à manier la structure même du récit comme de la pâte à modeler (flashbacks, croisement constant des différentes trames, différences des points de vue…) pour en dynamiser la narration. Bref, l’action gorge chaque planche épaulée par un dessin (confié à 5 auteurs) au tempo de cette volonté. De quoi, en tout cas, ne pas bouder son plaisir et se préparer aussitôt à se laisser embarquer par une prochaine saison.
