L'histoire :
Dans les années 90, quatre potes avaient monté une vilaine escroquerie. Tout d’abord, Rémi repérait le bon pigeon. Si possible un célibataire, solitaire et un peu blaireau sur les bords, friqué mais avec une petite vie pépère. Cette année là, en septembre 1998, c’était tombé sur un champion : Jean-François Redon. Après avoir sympathisé, l’avoir flatté et mis en confiance durant plusieurs semaines, une partie de chasse lui avait été proposée. Lors de cette journée, les escrocs avaient alors joué leur numéro bien rodé d’accident de chasse. Redon tire, Frantz est retrouvé ensanglanté et annoncé comme mort par Rémi. Pour renforcer la culpabilité et la complicité de Redon, ce dernier avait même du aider à porter le corps dans la voiture, avant que Rémi ne propose de s’occuper de la suite, seul, et d’étouffer l’affaire. Evidemment, après 3 jours de macération, Rémi avait exposé le chantage à Redon : du fric contre leur silence à tous. A l’époque, Martial était gendarme et versait lui aussi dans la combine. Il jouait le rôle de l’autorité complice, renforçant parallèlement la crainte de l’arrestation et ferrant définitivement le pigeon. Sa part du butin lui a depuis lors permis d’entamer sérieusement la construction de sa maison. Aujourd’hui, l’eau a coulé sous les ponts. Jeannine, dont il est secrètement amoureux et qui représente son unique raison d’être, a disparu, du jour au lendemain, en août 1999. Aujourd’hui, en 2008, Martial ne voit plus son destin de la même manière. A la mort de Remi, il découvre par hasard dans la cave de sa veuve les papiers d’identité dudit pigeon. Il mène sa petite enquête et découvre une vérité qu'il ignorait. Par un bête hasard de circonstances, le pigeon en question avait – hélas pour lui ! – découvert le pot aux roses, en croisant Frantz vivant, en août 1999. Quelle curieuse coïncidence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce second tome, Eric Corbeyran et Olivier Berlion mettent un terme à un thriller rural fort bien huilé, au format diptyque. Le pitch est classique : une combine éventée débouche sur un meurtre, qu’un des associés méprisé met au jour lors d’un repentir ultérieur. Mais qui dit classique, ne dit pas forcément négligeable. Ici, les atouts du récit se trouvent à travers la psychologie des personnages et le dessin baigné de soleil de Berlion. Pour le premier point, on se met à comprendre avec ce tome 2 la nature des tensions qui règnent entre les divers protagonistes. Notamment lors d’une pensée en voie off (planches 5 et 6) attribuée à Martial, véritable héros de l’histoire, Corbeyran fait le constat pénétrant des fluctuations composites du sens moral et du destin. La raison de la repentance de Martial, le rôle des deux femmes dans ces rapports complexes, les fausses amitiés tourmentées, les vraies jalousies refoulées… Corbeyran délivre tout cela dans le désordre, mais à l’aide de moult flashbacks, on s’y retrouve néanmoins très bien. Pour l’aspect graphique, Berlion nous gratifie une nouvelle fois de son dessin reconnaissable entre mille, un style hyper réaliste, acéré et lumineux, en couleurs directes, ocre et sanguines. Si la rédemption de Martial permet de remettre les choses en place, les toutes dernières planches nous laissent comme un léger arrière-goût âcre…