L'histoire :
1939, Arch Parker est un dessinateur de presse au chômage qui passe son temps à dessiner sa copine, Navit, sans même la regarder. Il lui suffit en effet de parcourir son corps de ses mains pour être capable de la croquer sur papier. Un matin, Arch se prépare à démarcher les principaux journaux new-yorkais et promet à Navit qu’il renoncera à son métier de dessinateur pour faire un « vrai » travail si ça ne marche pas. Navit se contente de lui répondre qu’ils fêteront sa réussite au soir avec une bonne bouteille de vin. Plus tard dans la journée, après avoir fait chou blanc, Arch passe devant un kiosque et se voit offrir « Gentlemind », un magazine de charme que le vendeur n’arrive pas à vendre. Ignorant l’existence de ce magazine, il se renseigne sur l’éditeur, l'adresse de ses bureaux et il fonce pour y postuler. Sur place, le propriétaire, un milliardaire du nom de H.W. Powell, est très expéditif, jusqu’au moment où Archie fait malencontreusement tomber un dessin de sa dulcinée. Là, Powell promet d’embaucher le dessinateur s’il lui présente la femme sur le dessin. Trois ans plus tard, Archie est devenu un dessinateur populaire contraint de partager sa copine avec le milliardaire qui lui avait donné sa chance. Une situation qu’il a de plus en plus de mal à accepter…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Roman graphique prévu en deux parties, Gentlemind met en scène Navit, une jeune artiste qui finira par devenir patronne de presse et tentera de relancer un magazine de charme sans succès en le changeant en revue moderne. Imaginée par Teresa Valero (Curiosity Shop) et Juan Diaz Canales (Blacksad), cette aventure se déroule dans les années 40 et démarre de manière inattendue et floue. La scénariste parcourt en effet les années en mettant en avant la relation entre l’héroïne et le dessinateur Arch Parker dans les choix nécessaires pour leurs carrières respectives qui amèneront à leur séparation. Dans le même temps, on suit de manière toute aussi nébuleuse le destin de Waldo Trigo, avocat pour la société familiale « Canasta Sugar Company », qui a de plus en plus de mal à endosser son rôle de requin. Mais c’est par après que le talent scénaristique du duo prend toute sa saveur, lorsque l’héroïne hérite du Gentlemind et montre toute sa combativité et son imagination pour survivre dans un monde extrêmement machiste. Ce premier tome très élégant se révèle particulièrement plaisant, une fois ce début déstabilisant passé. Pour mettre en images ce roman graphique de 80 pages, on retrouve le dessinateur belgo-italien Antonio Lapone (La fleur dans l’atelier de Mondrian). Le trait aussi unique que superbe de l’illustrateur accentue plus encore l'élégance tant via son découpage que via son ambiance années 40 parfaitement retranscrite. La touche old school, où le crayonné garde une forte présence, est particulièrement agréable. Après cette première partie excellente et originale, on a hâte de découvrir la suite !