L'histoire :
Eva Rojas est une jeune femme brillante, qui exerce en tant que psychiatre. Mais ce jour-là, ce n'est pas elle qui reçoit un patient. Elle est en consultation avec le docteur Llull. Il est chargé d'évaluer sa santé mentale. Il devra poser un diagnostic, qui pourrait remettre en question la capacité d'Eva à continuer d'exercer son métier. La jeune femme connaît les questions pièges, elle sait où il veut en venir, et tente de feinter. Elle ment pour protéger ses intérêts. Le docteur Llull lui demande si elle consomme des drogues ou autres médicaments. Elle indique que non, même si une pilule se cache dans sa poche. Il lui demande s'il lui arrive d'entendre des voix. Non, pas d'hallucinations, ni de perte de notion de la réalité répond-t-elle, poussée par les trois voix des femmes de sa famille, qui lui murmurent dans sa tête, de ne rien divulguer. Après ces quelques questions, Llull lui demande de lui raconter sa semaine, avec le plus de détails possibles, et de façon chronologique. Eva commence alors son récit. Elle est allée faire du shopping et s'est acheté de nouvelles chaussures. Le docteur lui fait un compliment sur la paire qu'elle a aux pieds. Eva précise que ce n'est pas celle-ci qu'elle a achetées : ses emplettes ont été saisies par la police, à cause du cadavre. Llull se fige. Un cadavre ? Sa patiente le rassure. Chaque chose en son temps, elle va tout lui raconter chronologiquement, comme il le lui a demandé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le succès de Malgré tout Jordi Lafebre propose une bande dessinée bien différente de ses autres productions, puisqu'il s'agit cette fois d'un polar. Rassurez-vous, la patte de l'auteur est toujours la même, tant dans le traitement narratif que graphique. Eva, une jeune psychiatre, doit suivre elle-même une consultation, afin que sa santé mentale soit évaluée. Elle déroule les faits de sa semaine passée, pleine de rebondissements. Elle a été convoquée par une patiente dans le cadre d'une succession, mais la veille du rendez-vous, une personne a été assassinée. Eva s'est donnée pour mission de trouver le coupable. Avec des pointes d'humour, et une vision moderne et féministe du personnage, Jordi Lafebre propose au lecteur une histoire sans temps morts. Avec Malgré tout, il jouait avec une narration à rebours ; ici, il innove une nouvelle fois, en proposant une narration croisée à trois niveaux : la séance entre Eva et le docteur Llull, les flashbacks d'Eva sur sa semaine passée, et des retours dans le passé des femmes de la famille d'Eva qui sont toujours présentes dans sa tête pour la guider. Si cette narration peut être risquée, elle fonctionne très bien, sans jamais perdre le lecteur. Même si les situations dépeintes sont parfois sordides, le trait élégant de l'auteur, et la colorisation avec des couleurs douces, viennent atténuer cette noirceur. Des pointes d'humour et le décalage de l'histoire viennent alléger la lecture. Les lecteurs qui suivent depuis plusieurs albums le travail de Jordi Lafebre remarqueront sûrement que l'auteur arrive de plus en plus à synthétiser son dessin, en conservant la même émotion.
