L'histoire :
1968. Glen Sherley tire sa peine de prison à Folsom. Le temps peut paraître long, malgré les heures passées sur sa guitare et sa fréquentation assidue de la chapelle. Les conversations qu’il entretient avec ses amis tournent souvent autour de Johnny Cash, le célèbre compositeur et chanteur de country, qu’il vénère au plus haut point. Justement, Johnny Cash a prévu de venir jouer à la prison de Folsom. Sherley enregistre alors une chanson de sa composition, qu’il tente de faire sortir des murs de la prison par l’intermédiaire du révérend Gresset… Mais l’histoire commence plus tôt, en 1935. La maison neuve dans laquelle la famille Cash déménage fait partie d’un programme de colonisation. A l’époque, devenir planteur de coton représente un espoir d’avenir pour les familles nécessiteuses. C’est ainsi que tous les jours, la famille Cash au complet est occupée à un rude et dangereux labeur, brisant la monotonie et se motivant par le chant. Malgré sa contribution indéniable au travail, le petit Johnny est tout de même plus intéressé par la pêche et surtout par les émissions musicales diffusées à la radio…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ecrire une biographie au format BD est un exercice à part et relève toujours du challenge, tant il est commun de tomber dans le piège de la narration illustrée. L’allemand Reinhard Kleist tire son épingle du jeu en imposant ici un style narratif captivant. Cet épais pavé de 200 pages fut d’ailleurs récompensé en tant que meilleur album, au festival de Berlin en 2007. Il faut dire que la vie tourmentée du personnage de Johnny Cash offrait de belles perspectives. Ce scénario, qui trouve un point de pivot intéressant autour de l’évènement du concert de la prison de Folsom, est sans conteste une réussite. On découvre son enfance, la mort tragique de son frère, ses débuts avec la Sun Studio, ses relations tendues avec sa femme Vivian Liberto, ses relations ambigües avec la chanteuse June Carter, qui deviendra sa seconde épouse, ses problèmes de drogues, etc. La tension existentielle, omniprésente chez le chanteur, est remarquablement traduite. On reprochera sans doute le titre français (le titre original étant I see a darkness) un peu bateau et surtout trompeur puisque la période couverte est essentiellement 1935-1968, avec un retour de quelques pages sur ses derniers jours. La pauvreté de repères chronologiques est d’ailleurs assez déroutante, d’autant que les « flashfronts » en 1968 vont bon train. Certes, cela permet de s’immerger complètement dans l’œuvre. Enfin, le graphisme de l’auteur, avec ses encrages noir et blanc, est simple, attachant et convient à cette époque, d’où s’échappent des relents qui finissent de nous transporter par delà le temps…
