L'histoire :
C'est bientôt la rentrée au collège. L'angoisse est au rendez-vous, surtout que la famille découvre un nouveau territoire : la Guadeloupe. Mais c'est tellement déroutant, toutes ces plantes inconnues, ces odeurs variées, ces façons de parler différentes. Au final, tout se passe bien. De toute façon, qu'est-ce qui peu séparer les vrais jumelles ? Le corps se modifie et commence à créer une différence entre les filles. L'une aime s'habiller de façon féminine et l'autre masculine. L'une préfère les cheveux longs et l'autre courts. Le souci est qu'elles sont attirées par les mêmes garçons. Florence se sent garçon. Comment pourrait-elle se rapprocher d'un garçon ? Ses parents lui ont fait comprendre que c'était mal, d'être homosexuel. Quelle logique dans tout ça ? Qu'importe, il faut profiter de chaque instant avec sa sœur. « Malgré les disputes, chaque soir, on se faisait le répertoire (nous chantions toutes les chansons que nous connaissions). » Parfois, le besoin de protéger sa moitié était très forte. La protéger de qui ? Les corps qui se sexualisent métamorphosent le rapport aux autres et au regard de la mère conservatrice. Les prémices du changement sont les débuts d'une nouvelle histoire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme prévu, dans ce deuxième tome, Florence Dupré la Tour continue de raconter sa vie lorsqu'elle était enfant. Son quotidien n'a rien de vraiment très ordinaire. L'autrice est issue d'une famille nombreuse et catholique, avec son lot de non-dits. Par conséquent, c'est difficile de poser des questions sans que cela soit gênant. Alors, à 11/12 ans on invente des réponses qui sont forcément biaisées. Comment comprendre la relation fusionnelle avec sa sœur jumelle? L'adolescence passe par là avec son lot d'hormones. Et puis pour la première fois, c'est la rupture et même une séparation. Sortir l'une sans l'autre. Ce moment est illustré sur plusieurs pages et c'est assez drôle. On y voit une succession de catastrophes naturelles plus épouvantables les unes des autres. Une façon très élégante d'illustrer le raz-de-marée émotionnel ressenti. Puis l'idée de devenir seule est quelque chose de terrible, même s'il y a d'autres frère et sœurs. De nombreux adultes vont se reconnaître dans ce récit authentique. La transition du monde de l'enfance à la puberté ne se fait jamais avec aisance. On assiste à un règlement de compte qui va prendre des proportions plus importantes pour la suite. Se sentir exclu a profondément marqué la narratrice, comme une forme de trahison. Elle a été préadolescente jusqu'à ses 18 ans, époque à partir de laquelle elle a été remplacée par une bonne copine. Sous l'effet de la colère, la famille devient juste un cadre. La mère pleure sans cesse, pourquoi ? La situation professionnelle devient plus tendue pour le père, pourquoi ? On n'en sait rien. L'important est le ressenti de Florence. Ce tome est donc moins amusant et divertissant que le premier. La suite s'annonce encore plus virulente...