L'histoire :
La plupart des gens cherchent quelqu'un pour combler leur solitude. Or lorsqu'on a une sœur jumelle, on a toujours une personne sur qui compter. Depuis la formation d'un œuf, les deux entités sont proches. En grandissant, le principe reste identique. Apprendre à parler, à marcher, à faire des bêtises... Faire tout ensemble, jusqu'à ne plus savoir qui est qui. Bien entendu, ce n'est pas trop du goût de Violaine, l'aînée d'un an, car son univers à elle est bouleversé. Mais les petites dernières ne sont pas si semblables. L'une aime rire plus que l'autre. L'une a une fossette. L'une est droitière et l'autre gauchère. L'une a une légère tâche dans l'œil. Florence n'aime vraiment pas ces nuances entre elles. « Cette infime différence, je la vivais comme une victoire, mais aussi une trahison. Un péché originel ». Le surnom de Florbendit est là, parfois, pour la rassurer. Elle cultive une forme de singularité pour protéger sa sœur, un peu comme Adam qui doit veiller sur Eve. Avec l'adolescence, les modifications s'amplifient d'autant plus que le corps devient un autre. Un nouvel environnement sera propice à développer des certitudes plus surprenantes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En un coup d'œil, on reconnaît le dessin patatoïde de Florence Dupré La Tour. Après des récits autobiographiques très amusants (Cruelle et Pucelle), elle partage aujourd'hui des souvenirs très personnels. Pour continuer dans cette collection de titres finissant par « elle », elle pioche aussi sans scrupule dans ceux de sa sœur jumelle, Bénédicte. Vous remarquerez d'ailleurs que le titre n'a pas de pluriel. Et ce n'est pas parce qu'elles sont deux, qu'elles forment un être unique. Florence Dupré la Tour témoigne ici d'une quête de sens sur son identité et sa relation à l'autre, qui est un peu elle. Leur gémellité est à la fois une force et une faiblesse. Elle souligne aussi le jeu avec des limites liées au cadre religieux, très puritain. Dans un style faussement enfantin, la créatrice se dévoile avec authenticité, humour et dérision. Aucun tabou n'est à déplorer, car tous les gamins passent par des phases de doutes et d'expérimentations. Des choses que la plupart ont pu oublier ou gardent secret. Elle pose des couleurs assez douces et rassurantes, pour souligner des réminiscences. Cet ensemble cohérent se dévore rapidement.
