L'histoire :
Gaël est illustrateur pour enfant. Talentueux, courageux et droit dans ses bottes, il a pourtant de la haine en lui. Vue de son quartier de banlieue malfamée, la société lui paraît bien injuste. Il a conscience que la plupart des agressions et des débordements ne sont que le résultat de ce que cette société a produit. La violence a toujours engendré la violence. Il essaie de canaliser sa colère lors de ses entraînements d’art martiaux. Mais ces temps-ci, il a surtout la tête ailleurs… Son esprit est obnubilé par Carole, cette fille qui semble pourtant se jouer de lui. Elle a beau être morne et taciturne, Gaël ne peut s’empêcher de penser à elle tout le temps. Il fait ainsi le maximum pour multiplier les contacts et les occasions. Mais chaque rencontre est une catastrophe...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Toujours fortement et magnifiquement influencé par le manga, le style graphique de Gregory Charlet s'accorde à nouveau avec une superbe colorisation. Certaines planches sont plus réussies que d’autres (notamment ses visions d’apocalypse, qui font penser à Akira), mais globalement, le dessin est remarquable. Le premier tome plantait (déjà) le décor : un jeune homme, Gaël, dessinateur de BD (tiens, tiens…), a le mal de vivre de la société contemporaine. Il se fait attaquer par ceux qu’il défend, il se retrouve à l’hosto alors qu’il manifeste contre la violence… Et voilà à présent que la fille qu’il aime n’est pas celle qu’il peut avoir. Décidément, c’est quand même pas juste la vie. Dans quel monde vit-on ? Pourquoi tant de haine ? Dans cette série entièrement orchestrée par lui-même, l’artiste Grégory Charlet (Le maître de jeu) semble utiliser le support BD pour exprimer sa rage du monde injuste dans lequel il évolue. Voilà donc un auteur de BD à message. La démarche (autobiographique ?) est louable, mais en attendant la BD piétine pas mal ! On aimerait bien que Gaël-Gregory-Charlet extériorise enfin cette rage intérieure par l’intermédiaire de cette conscience qui lui parle de temps en temps. La dernière phrase, prononcée par un Gaël fulminant, fait entrevoir un espoir : Le moment est venu de changer le monde… On est pressé de voir ça !