L'histoire :
Après avoir été abattu d’une balle dans la tête en banlieue parisienne, Dario Trengoni a laissé en héritage à son ami d’enfance, Antonio Polsinelli, 4 hectares de vigne en Italie. De retour au pays pour connaître les raisons de cet horrible crime, Antonio comprend que cette terre, sans intérêt pour son vin, est source de grandes convoitises. Certaines personnes sont prêtes à tout pour la récupérer. Sur ce petit lopin de terre s’érige la modeste chapelle de sant’Angelo, squattée par Marcello, un vagabond porté sur la bouteille, qui se fait passer pour aveugle depuis des décennies auprès des habitants du village de Sora. Antonio qui démasque la tromperie le fait parler. Il découvre ainsi le secret de son défunt ami et décide d’exécuter le plan qu’il avait élaboré. Dario avait programmé, à l’occasion de la grande fête du Gonfalone, d’incendier la chapelle de Sant’Angello, et de faire de la sorte que, malgré le sinistre, la statue qu’elle recèle soit intacte et qu’elle soit maculée de vin. A cette occasion, Marcello recouvre « miraculeusement » la vue devant un cortège de pèlerins médusés. Il n’en faut pas plus pour que cette terre initialement sans intérêt accède au statut de lieu saint, avec son cortège de marchands du temple...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce n’est pas la première fois qu'Olivier Berlion (dessinateur), et Tonino Benacquista (auteur du roman qui a inspiré cette histoire) collaborent ensemble : ils avaient déjà publié Cœur Tam-tam en 2003. Berlion ne trahit ni le style, ni l’histoire originale qui avait valu de multiples prix littéraires à Benacquista en 1991. Le second volume de ce diptyque est à la hauteur des espérances suscités par la première partie. La tromperie orchestrée par Dario aboutie sans nécessairement duper tout le monde. Mais chacun y voit son bénéfice et s’accommode avec sa morale. Cette farce qui mêle tous les stéréotypes sur l’Italie : mafia, religion, escroquerie, belle madone, pâtes, coups de feu, histoire de famille, est un récit à suspense surprenant, original et intelligemment construit. Les flashbacks sur le parcours du père dans le maquis italien durant l’hiver 44 prennent tout leur sens au dénouement de l’histoire et viennent éclaircir les zones d’ombre du récit. Fidèle à son style encré, Berlion est constant dans son dessin, l’univers méditerranéen y est bien retranscrit, les couleurs chaudes viennent soutenir cette ambiance parfois lourde que subit le héros. Cette adaptation BD est plutôt une belle réussite : à quand pour Saga ou Malavita (deux autres excellents romans de Benacquista) ?
