L'histoire :
En 1862, Eugénie Chatagne est réputée et respectée dans une petite ville du Jura. En effet, elle est la cuisinière virtuose de Monsieur Dodin-Bouffant, l’un des plus fins gastronomes du pays. Mais ce jour-là, après avoir acheté sur le marché une botte d’oignons, des lapereaux et des ortolans en cage, elle s’écroule sitôt passé le portail de sa propriété. Morte. Subitement. Pour Dodin-Bouffant, c’est une catastrophe. Il convoque ses trois meilleurs amis et convives – le notaire Beauvois, le médecin Rabaz et le marchand de bestiaux Magot – pour leur expliquer que le poste est à pourvoir. Un casting est organisé, mais Dodin-Bouffant craint dans son for intérieur ne jamais retrouver une maestro des casseroles comme Eugénie. Dans un premier temps, les postulantes qu’il reçoit et qu’il met à l’épreuve donnent raison à ce désespoir. Les semaines passent… Jusqu’au jour où le père Pidou apporte au gourmet un petit plat concocté par sa fille Adèle : des pommes de terre rôties et rissolées dans de la graisse de queue de bœuf, accompagnées par une crème aux morilles, un bouillon de légume et un bon vin jaune. Miam ! C’est un délice… Dodin-Bouffant convoque immédiatement Adèle !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La mode est certes à l’art culinaire coaché et télévisé… Oubliez vite cela ! La passion de Dodin-Bouffant convoque plutôt les belles lettres et la tradition rabelaisienne française, que les omelettes baveuses de la téléréalité. Pour son premier album en tant qu’auteur complet, Mathieu Burniat s’est en effet nourri d’un classique de la littérature gastronomique signé Marcel Rouff, La vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet (1924), qu’il a ici savoureusement mijoté en bande dessinée. L’auteur est réellement un passionné de bonne bouffe (nous l’avons rencontré et il nous l’a prouvé) et ça s’hume dans cet ouvrage à pleines papilles ! La passion que portent ses personnages croustillants pour la cuisine en général, et entre eux en particulier, respire l’empathie. Car « Il n'y a pas d'amour plus sincère que celui de la bonne chère » (Bernard Shaw). On angoisse à la place de ce monstre de gastronomie qu’est Dodin-Bouffant, lorsque ce dernier craint de ne plus avoir de cuisinière à la hauteur. On se surprend aussi à saliver, à l’énonciation détaillée et à la représentation fumante des différents mets servis au cours de l’album. Le dessin moderne, stylisé et particulière soigné, accompagne ce met comme le ferait un bon vin. Bref, ce one-shot délicieux ravira un public largement plus étendu que celui traditionnel de la bande dessinée : les gourmets et les gourmands.
