L'histoire :
Socrate (470-399 Avant JC) ne veut rien savoir : il enjoint Platon de ne pas insister, il ne partagera pas la table avec des philosophes aussi casse-pieds ! Parmi eux, Nietzsche (sans Gluten), Sartre (sans sel) ou Gandhi (vegan)… beaucoup trop dévorés par l’esprit de sérieux pour celui qui aime à ébranler les croyances de ses interlocuteurs. Par sa maïeutique, il réveille et libère son interlocuteur de sa conviction. Comment ? A force de questionnement et d’ironie. Il met à l’épreuve l’intelligence de l’autre, ce qui finira par se retourner contre lui, puisqu’il sera condamné à mort pour corruption de la jeunesse et trouble à l’ordre public. Adam Smith (1723-1790) se prend une baffe magistrale par une femme sur qui il vient d’appliquer sa théorie de la main invisible. Théorie qui énonce que l’individu est mû par cette main au service du bien commun et non, comme il le croit, par ses propres intentions. Considéré comme le père du libéralisme, il était le premier à légitimer l’intervention de l’Etat pour compenser les déficiences du marché. Souvent mal interprété, certains se réclament de sa mouvance pour appuyer leur haine de l’État et le règne du plus fort. Ce sont eux qui mériteraient la fantastique claque qu’encaisse leur soi-disant maître à penser.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La planète des sages tome 2 permet une nouvelle fois d’aborder la philosophie par le petit bout de la lorgnette, sans se prendre la tête. Une planche humoristique présente au second degré une idée phare du penseur, puis vient son portrait, brossé par Charles Pépin, qui retrace les grandes lignes de la vie de ces têtes bien faites. L’idée est intéressante, même si le survol express d’un (ou d’une) philosophe, ne peut que donner un aperçu de son œuvre. Jul facilite l’accès au sujet avec son style caricatural qui tranche avec l’aspect sérieux du thème. Des plus illustres (Lao Tseu, Gandhi…) aux plus confidentiels (Marcuse, Amartya Sen…) en passant par un fictif mais bien réel Petit Prince, c’est tout un éventail de pensées qui est proposé au lecteur. Les idéologies ont leur limites, portent parfois les défauts de leurs auteurs, et certains s’en emparent pour les adapter de leurs tristes desseins. Ainsi va la vie depuis des siècles et des siècles. À l’instar des traitements infligés à Jésus, Socrate ou Luther King, elle ne témoigne parfois d’aucune pitié pour celui qui consacre la sienne à tenter de sauver celle des autres.
