L'histoire :
New-York, de nos jours. Un peintre en bâtiment se jette nu du haut d’un gratte ciel, au bout d’une corde, en direction du carré blanc qu’il vient de peindre. Une seconde avant l’impact, le kamikaze se fait exploser, maculant son œuvre de ses entrailles décharnés. Voici la dernière prestation en date d’un groupe d’adeptes d’un mouvement de body-art appelé Lénine-dada. A la télé, on intellectualise ce geste. Mais en secret, ces provocations inquiètent de hauts personnages qui font leur possible pour remettre de l’ordre. Des hommes de mains sont envoyés pour faire le ménage à l’aide d’un rayon aux pouvoir psy étonnants. Une technologie mystérieuse encouragée, par ailleurs, via des subventions aux travaux du professeur Chomsky. Eminent spécialiste des intelligences artificielles, il aurait réussi à créer… un ange gardien. Le problème, c’est que l’ange gardien de Chomsky a pris la poudre d’escampette et sillonne les routes américaines au grès de sa mémoire. Mais quelle mémoire ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le body-art consiste à faire un art de son corps (piercing, implants sous-cutanés, automutilations...). Poussé à l’extrême, sait-on exactement où s’arrête l’art et où commence la déviance ? C’est (entre autre) sur ces terres philosophiques que Rodolphe (La maison Dieu, Gothic, Dock 21, Trent, Kenya, Mary la noire, les teutoniques...) nous entraîne avec cette nouvelle série qui dérange. Car la réflexion artistique a également des allures de road-movie fantastique. On connaissait Rodolphe inspiré par le gothique tendance Edgar Poe, mais il parvient encore à surprendre avec cette histoire d’anges gardiens créés scientifiquement. Bien des auteurs auraient été piocher dans les traditionnelles cohortes d’ectoplasmes. Rodolphe, lui, nous propose un complot industriel qui subventionne l’implantation d’intelligences artificielles dans des êtres de chair et de sang. C’est angoissant, torturé, intelligent, énigmatique... Du bon Rodolphe, illustré par un dessin inégal d’Alain Bignon. Certaines scènes de body-art, assez difficiles à concevoir et/ou à supporter, en font toutefois une œuvre à recommander à un public averti.