L'histoire :
De nos jours, à Rio de Janeiro. Dans un hôtel de luxe, un grand-père jadis réchappé d’un camp de concentration, se fait passer pour un masseur kinésithérapeute afin d’approcher un vieillard, Morales. De son vrai nom Doktor Vartmann, cet ancien SS est alors étranglé par l’homme, venu exécuter la vengeance de son peuple martyrisé. Au même moment, dans le même bâtiment, la petite-fille du vengeur s’occupe de l’épouse Vartmann, au comportement jadis tout aussi criminel. Elle la tue dans sa douche à coups de talons-aiguilles et lui arrache les yeux. Plus tard, le grand-père et sa petite-fille rendent visite dans un hôpital de Rome à la tante Antonella de Vince, alias l’agent Trias pour le Vatican. Malgré son coma, ils parviennent à provoquer chez elle un choc psychologique et repartent en lui laissant une vieille photo représentant un homme. Vince lance donc une enquête, une fois de retour dans le QG souterrain et high-tech des services secrets de l’Eglise. Une problématique « de plus », d’ailleurs, car il se demande toujours comment il a pu se retrouver face à face avec son frère jumeau, sensé être mort depuis 15 ans, et œuvrant au service du camp adverse, le « Nouveau temple »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce tome 4 étoffe et poursuit une intrigue complexe échafaudée depuis le début de la série (il est conseillé de bien connaître les tomes précédents pour prendre un max de plaisir). Vince, alias Trias, le héros ecclésiastique et néanmoins agent secret, poursuit sa mission diligentée par les services secrets du Vatican, et articulée autour d’un puissant ennemi, le « Nouveau Temple ». Vince semble d’ailleurs être intimement concerné par cet ennemi, comme nous l’apprend l’alternance des séquences présentes et passées, une touche d’ésotérique en prime (les fillettes qui apparaissent aux yeux de quelques uns). Car de nouveau, des flashbacks distillent des éléments de réponses sur les origines obscures et les destinés divergentes de Vince et de son frère jumeau. Le tarabiscotage de ces origines retire un chouya de la crédibilité qu’on octroyait volontiers jusqu’alors à cet excellent thriller. Le coup des jumeaux abandonnés au pied d’une église, puis devenus frères ennemis par le truchement de deux éducations antinomiques… ça sent un peu le conte réchauffé. Le prochain tome conclura un cycle qu’il est effectivement temps de refermer. Toujours au top de son coup de crayon, le formidable François Boucq met impeccablement en image l’ensemble et prend une part de plus en plus active dans l’écriture du scénario. Avec son compère Yves Sente, le duo sait toutefois s’y prendre pour insuffler du rythme, à travers l’action et les informations à haute tension, et ancrer l’intrigue dans les questions de notre époque. Ici, c’est la chasse aux ex-nazis, perpétrée par quelques factions de juifs vengeurs, qui vient s’incruster dans les débats… une problématique dans laquelle le Saint-Siège n’est pas franchement innocente. Si on apprend que le Nouveau Temple est imprégné de cette idéologie nauséabonde, les relents de cette époque aurait-ils un lien avec les origines de Vince et de son jumeau ? Quel jumeau, d’ailleurs, étant donné qu’une confusion est entretenue quant à leurs prénoms…
