L'histoire :
Londres, 1887. Jerrold Piccobello passe une audition pour une revue sur Piccadilly Circus. Après une excellente prestation, il se fait pourtant « remballer comme un malpropre ». Et ce n’est pas la première fois. Alors qu’il est l’un des magiciens les plus prestigieux du royaume britannique, l’homme est désespéré. Il revient alors sur les lieux de son enfance, là où tout a commencé et où il fera une rencontre pour le moins inattendue. Retour en arrière. Sa mère, décédée à l’âge de trois ans en mettant au monde sa sœur Dazy, Jerrold est élevé par son père. Celui-ci, grec de profession, c'est-à-dire tricheur professionnel, était surnommé « le cracheur », car il crachait sur les dés pour appeler la chance. En fait, il gardait dans sa joue un dé truqué dont il se servait pour gagner à tous les coups… jusqu’au jour où il se fait attraper par un truand, Black Neb. Celui-ci se venge et jure de s’en prendre aussi à sa famille. Mais Jerrold et Dazy s’en sauvent grâce à un ami de leur père. Ils sont recueillis dans un théâtre, l’Eagle. C’est ici qu’ils grandiront, auprès des hommes et des femmes du théâtre, entourés d’autres enfants. C’est ici que Jerrold fera la rencontre qui changera sa vie, avec le grand Virgil Webb, magicien renommé, homme à femmes et à emmer*es…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Premier tome d’une trilogie, Jerrold Piccobello est vraiment long à se mettre en place. Le choix de la narration en est la cause : le magicien a l’air à la fois brillant mais désespéré, et il se repasse alors sa vie. C’est très long, il y a beaucoup de texte et, malgré une histoire qui n’a rien de tranquille, ça manque un peu d’action. Pour autant, le scénario est intéressant et les personnages assez vivants, notamment Virgile Webb. L’auteur, André Beniest, dit Benn, est un routier de la BD. Son dessin est d’une réelle élégance. On y trouve assez souvent des références à Morris, dans l’économie générale des personnages et leurs postures. Pour autant, il y a une finition raffinée et moderne, qui donne à l’histoire à la fois un ancrage fort dans la BD franco-belge, mais aussi une grâce qui colle bien à l’époque Victorienne et aux personnages, des dandys viveurs et jouisseurs. En outre, si le décor est, dans ce premier tome, lourdement planté, il est aussi très bien planté. De nombreuses questions ont été soulevées, bien des histoires sont à raconter, et une intrigue inattendue clôt l’album. Du coup, on referme le bouquin assez excités pour la suite, tant on a appris à se familiariser avec l’environnement et le héros. En bref, on attend la suite avec impatience…