L'histoire :
Jerrold est en bien mauvaise posture. Arrêté après son grand show à la Tour de Londres, jugé choquant par la reine, il est allègrement torturé par deux bourreaux bourrés de second degré et d’humour noir, Monsieur Pitch et Monsieur Watts. Les deux hommes se rendent compte qu’ils ne peuvent faire mourir Piccobello malgré l’horreur des sévices qu’ils lui font subir. Ils décident alors de se reporter sur son assistante et âme sœur, Céleste. Celle-ci est égorgée sous ses yeux. Seul, Jerrold invoque le diable qui le délivre, goguenard, et le ramène à Whitechapel. Désorienté, Jerrold retourne voir sa sœur qui chante dans un music-hall. Elle le vêt et le nourrit, mais elle lui apprend aussi que le théâtre où ils ont grandi et où Jerrold a rencontré le diable est depuis longtemps détruit. Incrédule (si on peut dire), Jerrold retourne dans le théâtre pour se rendre compte qu’il est bel et bien ruiné, et que le Rabouin l’a embobiné. Furieux, il défie le diable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Qu’est-ce qu’il s’amuse, le Rabouin ! Il fait tourner le magicien Jerrold Piccobello en bourrique depuis le début, mais ça on le savait… Après avoir goûté à la vie immortelle, Piccobello décide qu’il doit faire marche arrière. Son duel avec le diable n’est pas qu’intellectuel. Il est aussi sémantique. Les deux utilisent une merveille de gouaille qui fleure bon l’ancien temps, les bas quartiers et les marlous. André Benn nous livre un dernier tome plein de rebondissements, riche et nerveux, où son héros recouvre peu à peu son humanité et le goût de la vie simple, ou simplement le goût de la vie. Le trio qu’il formait avec son amoureuse et le grand bouc est explosé, ne reste plus que l’Homme face au Diable. Le face-à-face est dur et sans pitié. Pourtant, les couleurs vives de Benn et son trait appuyé donnent l’impression d’une ambiance légère, pour les scènes d’extérieur, quand celles de nuit ou de l’enfer sont sombres et chaudes… Le découpage des pages est ambitieux et agréable, avec la panoplie complète en la matière : du plan général en une page aux mini-portraits, en passant par des cases panoramiques en plan paysage. Bref, c’est très varié et beau. Une petite préférence pour la magnifique scène de retour à Londres à trois sur le balai de la sorcière, à la fois étrange et poétique… Une trilogie bien conclue, agréable et esthétique. What else ?