L'histoire :
Sur un fameux trois mâts, le temps d’un dîner aux chandelles, le minuscule mousquetaire parvient à arracher un baiser à une belle. Malheureusement, son mari et capitaine les surprend. S’engage un duel à l’épée où tous les coups sont permis. Un coup de boule bien ajusté et voilà l’officier édenté. Le navire et l’équipage enthousiaste applaudissent le libertin, mais la belle se dérobe à nouveau, prenant la défense du plus à plaindre. Econduit, le minuscule mousquetaire quitte le navire à bord d’un frêle esquif. Au bout de quelques jours, affamé, assoiffé, rêvant des sirènes, il se réveille sur les rives d’une île paradisiaque peuplée de belles indigènes. Le langage universel de l’amour l’aide à se faire comprendre auprès d’une des sauvages qui cède à ses avances. Le grand bonheur enfin ?...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Que dîtes-vous ? On ne « badine » pas avec l’amour ? Eh pourquoi non ? Hommes et femmes, on y « patine » allégrement ! L’amour est LE sujet, LA source d’inspiration de l’artiste. Et Joann Sfar est artiste. L’auteur du Chat du rabbin s’offre depuis maintenant trois tomes une libre récréation amoureuse. Thème universel mais ô combien personnel, la quête du bonheur concerne chacun, collectivement et différemment. C’est donc avec une grande liberté de traitement que l’artiste compose son Minuscule mousquetaire, réinterprétant des fantasmes communs. Sans doute y met-il beaucoup de ressenti, sinon de fantasmes. Ce conte libertin lui autorise toutes les excentricités sans jamais avoir à se justifier. Aucune vraisemblance n’est de mise, sinon celle qu’il souhaite se fixer. L’érotisme omniprésent, chaque fois abordé avec humour, accompagne une sentimentalité crue jamais cachée. L’héroïque Borgne Gauchet surfe sur les passions et désillusions dévorant la vie à pleines dents. Le dessin surprend encore par sa liberté de ton. Les répliques fusent, comme le trait semble fouillis, bâclé, emporté. Il est en fait à fleur de peau, au plus près de l’émotion, habillé de couleurs chaudes (peintes ou crayonnées) plein soleil. La technique fascine, l’expression charnelle fascine. Une lecture à savourer comme elle vient. L’œuvre artistique ne se laisse pas facilement appréhender. Elle dérange, bouscule, séduit. Bref, en amour, le libertin est roi.