L'histoire :
Ariane de Troïl est revenue en France avec Beau et Germain Grandpin. Avant de se rendre au Louvres pour retrouver le Roi, la petite équipe croise un gentilhomme avec un nez en bois. Celui-ci tance durement Ariane et l’accuse d’être la responsable de sa mutilation au visage. Ariane ne se souvient de rien, mais l’homme, le Vicomte de Roquefeuille, la défie en combat à l’épée. Pendant le duel, Ariane retrouve petit à petit la mémoire : alors qu’elle était à l’hospice de charité, le vicomte et les compagnons de Gaston d’Orléans, le frère du Roi, étaient venus s’y amuser. Il avait violé Ariane alors qu’elle était enceinte. Le bébé était alors mort-né le soir même. Le vicomte perd facilement face aux joutes expertes d’Ariane. Ivre de haine, il ordonne à ses hommes d’occire la farouche combattante. Beau prend alors son arc et décoche plusieurs flèches. Les hommes du Vicomte fuient devant la précision de l’Indien. L’expédition s'exile alors à la campagne après cet incident, histoire de se faire oublier. Cependant, le frère du Roi, Gaston d’Orléans, est très vite informé de la situation. Il ordonne que ses hommes suivent discrètement la troupe : quand ils seront aux fin-fond des bois, les soldats pourront tirer à loisir sur les gêneurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici un retour fracassant : Patrick Cothias et André Juillard refont équipe, 30 ans après le premier tome des 7 vies de l’Épervier – et 12 ans après le tome 4 de Plume aux vents, correspondant au deuxième cycle. Un troisième cycle commence donc et se situe chronologiquement quelques années plus tard (également après Masquerouge, une série liée, par les mêmes auteurs). Malgré le temps passé, ce grand classique de la BD d'aventures historiques n’a pas pris une ride. Les auteurs retrouvent le souffle de la série et donnent du plaisir aux lecteurs. Les recettes sont pourtant toujours les mêmes et toujours efficaces : on est dans un vrai récit de cape et d’épées. Duels en pleine rues, longues chevauchées, trognes repoussantes et dialogues savoureux : le cycle démarre fort. Les personnages sont aussi charismatiques qu’auparavant : la belle Ariane n’a rien perdu de son indépendance et de sa fougue, tandis que Beau est magnifique de calme et de sang-froid. Les méchants sont également admirables, que ce soit par la vicissitude de l’ignoble vicomte de la Roquefeuille ou par la manipulation du fourbe Gaston d’Orléans. Au cours de son expédition, Ariane va également faire de nouvelles rencontres qui seront autant d’aides ou d’obstacles pour sa nouvelle quête. Quinze ans après, Ariane revient en effet sur son passé, l’occasion de retrouver ses anciens démons et de bénéficier de quelques révélations. Comme a son habitude, Cothias maîtrise parfaitement le rythme de l’aventure et alterne savamment moments de pause, de tensions et d’actions endiablées. Les dialogues sont également savoureux et rappellent les grands romans d’époque. On pense bien évidemment à la plume d’Alexandre Dumas, maître du genre. Cothias rend d’ailleurs hommage à l’écrivain puisqu’on retrouve ses célèbres Trois mousquetaires lors d’une brève apparition. On regrettera juste quelques faiblesses dans certaines transitions trop rapidement expédiées. Quel bonheur toutefois de retrouver les dessins raffinés de Juillard ! Là encore, son talent n’a pas pris une ride et la délicatesse du trait se marie parfaitement avec le style de l’histoire. Les décors et les costumes sont superbes et plongent le lecteur dans un genre pourtant passé de mode. C’est donc un retour osé mais gagnant, sangdieu !