L'histoire :
Pourquoi leur père veut-il les présenter ? Laura et Ludo sont des adolescents connus des lecteurs du Monde éponyme. Un petit coucou de Ludo entre deux parties de console vidéo suffit. Ou alors que papa attende au moins qu’ils soient prêts, histoire que Laura finisse de se coiffer. Bref, on n’est pas à la télé ! Qu’ils sont « relous » ces parents qui rêvent d’enfants stars… « ADO-rables » qu’ils sont Laura et Ludo. Lorsque Ludo rentre d’une dure journée d’école, d’abord, il se déleste du superflu (sac, chaussures, casquette, baladeur…), en vrac, sur la moquette de l’entrée. Puis il fonce vers le frigo se requinquer. Au programme, l’entame d’un litre et demi de coca (fini sous peu), le reste des nouilles de la veille, 26 tranches de saucisson, 3 tartines de Nutella ®, 4 yaourts, une banane suivie d’un paquet de biscuits devant la télé. Malheureusement, il faut aussi faire ses devoirs, mais en musique (« à donf ! »), grignotant quelques chips. Enfin, le repos du guerrier tant mérité, avachi de nouveau devant le petit écran. Quand sa maman pointe le bout de son nez tard revenant du boulot, un petit bonjour en passant et de suite la question qui fâche : quand est-ce qu’on mange ? Eh ouais, sa mère n’a vraiment aucune idée de l’âpreté d’une journée de collégien. Sans déconner, ça creuse !!! « ADO-rables », vous dis-je…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne présente plus Florence Cestac. Sommité de l’humour en BD, elle affiche à son palmarès pas moins de deux Alph’arts (Les vieux copains plein de pépins, Le démon de midi adapté depuis au théâtre, puis au cinéma avec Michel Bernier) et un grand prix pour l’ensemble de son œuvre (en 2000), tout cela glané à Angoulême. Depuis peu (?), l’auteur croque aussi les aventures de Laura et Ludo pour le bimensuel Le Monde des Ados sous forme d’histoires courtes aux chutes assassines, en une ou deux planches (maxi). Au programme, les affres de la puberté envisagés sous toutes les coutures : acné, sensibilité à fleur de peau, humeur lunatique, hygiène à géométrie variable, relation à l’autre (parents) houleuse, etc. Bref, rien de très joyeux à vivre, mais idéal pour une satire. D’ailleurs, le trait caricatural, relativement « grossier » c'est-à-dire peu bavard mais gai et expressif à souhait, fait mouche et illustre avec tendresse des situations pertinentes et réelles (chacun s’y reconnaîtra). Alors pourquoi l’ensemble ne convainc-t-il pas ? Peut-être parce que (re-)vivre son adolescence (présente ou passée) n’est pas des plus agréables. Sans doute que ce qui fonctionne pour un hebdo de presse ne compose pas forcément un album. En fait, la brève souvent lue en premier pour sa légèreté tourne ici à l’agacement, et ceci du au caractère « grave relou » de la « période » traitée. Les ados sont « ado-rables » à petite dose, alors à lire d’une traite… En résumé, le talent de l’auteur n’est pas en cause. Néanmoins cette recension, d’ordinaire isolément enlevée, laisse en recueil une impression mitigée, inégale (risque inhérent à l’exercice) alternant de bonnes blagues et un sentiment d’exaspération. A savourer avec modération…