L'histoire :
Philip Mortimer retrouve son « old chap » Francis Blake dans le fumoir du Centaur Club, pour lui en apprendre une bien bonne : le vil professeur Miloch, un ennemi qu’ils ont combattu, a fait de lui son héritier ! Dans une lettre insultante, il lui donne donc l’adresse où se trouvent ses inventions, un bâtiment du fisc désaffecté, sur les docks. Rendus sur place, Philip et Francis trouvent le mécanisme retardataire d’un passage secret menant à une cave voûtée. Là, se trouve notamment le fameux chronoscaphe, qui a jadis piégé Mortimer à travers le temps. Un enregistrement vinyle de la voix de Miloch déverse un flot de paroles mégalomanes, dont les deux amis se moquent éperdument. Toutefois, Mortimer ne peut s’empêcher de faire un tour de manège, car étrangement, un carrousel pour enfants se trouve aussi dans cette cave. Il attrape même la queue du Mickey qui sert de pompon ! Blake suspecte le piège à plein nez… serait-ce le déclencheur d’un autre mécanisme retardataire ? Et pourtant, rien ne se passe. Le mur escamotable qui s’était refermée sur eux à leur passage, s’avère même n’être que du vulgaire polystyrène, qu’ils creusent aisément pour sortir de la cave. Pourtant, une fois de retour en ville, ils remarquent des choses étranges : les chauffeurs de taxi sont tous aveugles, les bus double deck sont devenus triple deck… Et le premier ministre de l’Angleterre s’appelle Olrik ! Et s’ils s’étaient fait piéger au sein d’un monde parallèle ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Six ans après leur premier détournement, jubilatoire, de la cultissîme série Blake et Mortimer, le duo Pierre Veys et Nicolas Barral remet le couvert. Cette seconde aventure parodie le Piège diabolique, tome 9 de la série mère (paru en 1962), dans lequel le professeur Mortimer se retrouve baladé dans le temps par l’invention du sombre Miloch, le chronoscaphe. Pour varier les plaisirs et satisfaire au registre burlesque, nos célèbres héros, version abrutis, se retrouvent cette fois piégés par une machine à voyager dans un monde parallèle (donc justement nommée le « mondeparallèloscaphe »). L’inspiration du synopsis est plutôt bonne et les dialogues toujours réjouissants, même si le scénario semble un peu timide quand aux fantaisies permises par ce pan de la réalité, qui se limitent à tourner en dérision les lieux communs de la culture anglo-saxonne : les fameuses cabines téléphoniques rouges sont des pissotières, les bus ont 3 étages et le premier ministre Olrik doit se marier avec la reine Elizabeth ! Les héros rencontrent même leurs doubles de cette réalité et recadrent légèrement leurs destinées. Bref, on se bidonne à suivre ce tandem d’ordinaire très révérencieux, dans les joyeux délires de ce monde décalé (Mortimer sur le manège, puis habillé d’une peau léopard…). On apprécie également beaucoup le respect des codes graphiques (forte pagination, découpage dense, beaucoup de dialogues… ici ridicules) et le dessin humoristique de Nicolas Barral, dans une veine similaire à Baker Street, qui déride déjà un autre célèbre enquêteur so british, Sherlock Holmes…