L'histoire :
En descendant le long du fleuve avec Annie Goetzinger, ou l’introduction au voyage. Pierre Christin revient pour commencer au plus juste, sur l’étendue de son sujet. Qu’est-ce qu’une correspondance ? Qu’entendre et attendre de ces échanges ? Plus que « tisser des liens entre l’écriture et le dessin » – exercice déjà pratiqué et réalisé par nombre d’auteurs – « Il s’agit plutôt de donner à des graphismes modernes un programme narratif qu’ils vont passer au filtre de leur propre sensibilité ». Voilà qui est écrit, manuscrit. « Fictions, souvenirs, pastiches ou pamphlets », tout cela « et même un peu d’utopie… », le voyage promet. Suivent ensuite Mézières et le rêve américain (?), Lesueur adorateur des Belles (voitures) cubaines, Denis en train, Juillard au balcon de mai 68, Ferrandez aux portes du désert, Cabanes à côté de Paris, Lemoine ou la Ve République réinventée, Guarnido sous une prison de verre, Prado au soleil, Bilal perdu dans les confins de notre humanité et Aymond – pour conclure – les pieds dans l’eau, au bord de la Méditerranée. Aux accents graves ou plus légers, invitation au voyage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur scénariste référence du 9e art, Pierre Christin a travaillé et correspondu avec les plus grands. Déjà publiés au format italien, ses échanges avec Enki Bilal, Max Cabanes, Jean-Claude Denis, jean-Claude Mézières, Jacques Ferrandez ou encore Alexis Lemoine (…), ont été repensés, compétés, rejoints par les apports substantiels – illustrations somptueuses en somme – de Juanjo Guarnido, André Juillard et Annie Goetzinger notamment. Un bien beau livre en résumé, proposé à l’approche de ces fêtes de fin d’année 2009 par les éditions Dargaud. Pour quel programme ? A Annie Goetzinger d’introduire sujet, à Mézières d’évoquer le rêve (américain), à Patrick Lesueur les Belles Cubaines, etc. Le voyage est d’importance, intense et divers, des petites et grandes couronnes parisiennes aux confins des imaginations luxuriantes d’utopies futures. L’Amérique, le Proche et plus lointain Orient, avant de terminer sur les rivages de la méditerranée, le lecteur verra du pays. Il voyagera en mots comme en images. Par-delà les époques, recomposant au besoin le temps écoulé, Christin nous livre ses états d’âmes et partage une vision plurielle et ouverte du monde. Les portraits et décorums s’égrainent au fil des pages. On retiendra au choix les anticipations d’exception d’Enki Bilal ou plus prosaïquement le talent bluffant d’un Max Cabanes pour peindre la banlieue capitale. Les gouaches de ce dernier, d’Arcueil, Colombes ou Vincennes (…), impressionnent d’expressivité. Le rendu des aplats de couleurs sidère de profondeur ! Les verticales fuient diversement pour des perspectives saisissantes ! Une intégrale autour du 9e art postulant à une place de choix dans votre bibliothèque. Notez que jusqu’à la dernière extrémité, Pierre Christin revient (par des N.B.) sur les ultimes soubresauts politiques contemporains afin d’actualiser les épîtres figurés et réflexions faites.
