L'histoire :
A quelques kilomètres d’Old Creek Town, le chantier de construction de la ligne ferroviaire devant relier la petite ville à Denver bat son plein. Les cadences infernales pour tenir les délais sont la cause de nombreux accidents mortels. Pourtant, Kurtsfield, le propriétaire de la compagnie chargée des travaux, ne souhaite pas changer de stratégie. Et contre l’avis de ses fils, il maintient son intention de se conformer au trajet initial en perçant la montagne plutôt que de la contourner. L’irascible petit homme doit pour l’heure relever un autre défi, en acceptant de se nourrir d’une assiette de choux. Le met lui est insupportable, même copieusement salé. Mais de santé fragile, il doit satisfaire aux exigences du médecin. Orage, éclair et foudre complètent aussi ce doux moment. Et tandis qu’à quelques distances de là, Andrew Barrymore prend possession de sa nouvelle demeure (la bâtisse peut-être hantée de Miss Jenkins récemment décédée), Emerson Kurtsfield tombe brutalement le nez dans son plat. Appelé sur les lieux du drame, le médecin constate le décès. Plus tard, procédant à l’autopsie en compagnie d’Andrew, il conclut sans aucun doute à une mort par empoisonnement. L’homme avait certainement de nombreux ennemis. Mais qui a bien pu en arriver là ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La construction épineuse d’une ligne de chemin de fer, un empoisonnement, des secrets dévoilés, des sabotages, des coups de feu, des explosions, un carrousel de suspicions… Voilà de quoi alimenter cette nouvelle enquête de notre sympathique ex-détective venu frotter ses méthodes d’investigations modernes à la « quiétude »du petit village d’Old Creek Town… Après un premier opus remarqué, Nicolas Delestret et Rodéric Valambois continuent donc de semer leurs petites intrigues made in Agatha Christie dans un décorum far-west parfaitement respecté. Ici, c’est le meurtre d’un industriel ferroviaire qui cimente le récit. Mais au-delà de la résolution de l’énigme criminelle (un brin enfantine et peu emballante), c’est surtout sa théâtralisation qui force le respect. Et pour ce faire, les 2 compères utilisent à nouveau habilement trois ingrédients. D’abord, Rodéric Valambois propose un dessin de facture moderne judicieusement cadré et décochant juste ce qu’il faut de petits coups de poignets pour donner rythme et mouvement. Bref, à la fois élégant et empêchant la série de basculer dans un univers purement « jeunesse ». Ensuite, il y a l’art de distribuer, à renfort de rebondissements et d'indices, de nombreuses fausses pistes. Des chausse-trapes qui, tout en construisant la résolution du mystère, sont autant de bonnes raisons de bâtir peu à peu un univers et des protagonistes forts attachants. Enfin, justement, sans trop savoir comment, le casting proposé, et en particulier les héros principaux, aimantent notre sympathie. Par petites touches, on les découvre. On observe ainsi le jeu habile de la construction de leurs relations et l’on devine qu’ils sont peut-être bien moins lisses qu’il n’y parait (le final de cet opus en est indéniablement la preuve). C’est peut-être d’ailleurs Andrew lui-même (tel un « héritier » de Tintin) qui semble offrir pour l’heure le moins d’aspérité. Du moins peut-être jusqu’au prochain épisode, nous conviant à la Nouvelle Orléans, sur les traces de son passé…