L'histoire :
Célibataire et urbaine, Clara Pilpoile est écrivain public, c'est-à-dire qu’elle couche sur le papier les histoires que lui racontent ses clients. Très tendance, ce boulot l’agace néanmoins. Surtout lorsqu’elle rend visite à Madame Populo, qui lui raconte les petits souliers vernis blancs qu’elle portait lors de son mariage avec Robert en 1934. Et encore plus lorsque cette dernière lui offre des « Chamoniques » à grignoter, ces petits gâteaux à l’orange, infects, avec un glaçage qui nique les dents. En fait, tout agace Clara : les chauffards qui manquent de l’écraser, les petits vieux qui donnent des conseils dans les supermarchés, la morve qui flotte dans les piscines… Un soir, alors qu’elle a un peu abusé de l’apéritif lors d’une soirée raclette, elle clame qu’elle est la biographe officielle d’Alexis Trupichon, le grand champion de Formule 1. Plus ou moins pris au piège de ce gros mensonge, la voilà 15 jours plus tard en compagnie de sa copine Ariane, à Monaco, où doit se courir le grand prix, pour rencontrer Trupichon. Au même moment, Trupichon fait un caprice dans son écurie : il refuse de prendre le départ de la course si sa voiture est décorée aux couleurs du sponsor Toutou Love, une chaîne de toilettage pour chien. C’est trop la honte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nouvelle venue dans le paysage BD, Clara Pilpoile est un peu de la même famille qu’Agrippine (de Claire Brétécher) : célibataire, indépendante, permanente révoltée et râleuse. La différence notable est qu’Agrippine est foncièrement djeunz, alors que Clara chercherait à le rester. Légère et humoristique, cette première aventure se déroule comme bien des chroniques sociales humoristiques de la « nouvelle vague BD » : une équipée à la tonalité moderne, dans un monde contemporain urbain légèrement irréaliste. Bref, elle n’échappe pas aux stigmates de la collection Poisson Pilote à laquelle elle appartient. Cela dit, on ne s’ennuie pas une seconde, portés par les répliques décapantes de ce petit bout de femme au tempérament cru, et par sa première « prouesse ». Car Clara finit tout de même par se retrouver à poil dans la suite de Trupichon en string ; puis, tant qu’on y est, elle remporte le grand prix de Monaco (on l’a dit : « légèrement irréaliste »). Anne Simon dessine l’ensemble sans trop se poser de question, à l’aide de ce style graphique « apparemment » facile. A noter, le second épisode, déjà prévu, portera sur le mariage, un terrain propice à l’expansion du caractère explosif de cette nouvelle héroïne…