L'histoire :
Jan, Urtsi et Zone approchent de la fin de leur quête. Ils sont convaincus de pouvoir trouver la fusée qui devrait leur permettre d'échapper au monde complètement détruit où ils survivent malgré les dangers, les monstres de toutes sortes, et les communautés bizarres qu'ils croisent. Leur réputation de Sauroctones, leur surnom de Trio Fantastico sont désormais une source d'admiration, mais aussi un prétexte à leur demander d'accomplir des missions ultra dangereuses. Ils suivent les directions indiquées par Pango qui, lui, est motivé par un tout autre objectif : détruire l'engin qui pourrait permettre à des humains de s'échapper, pour des raisons mystiques assez incompréhensibles. En progressant à travers des zones remplies de carcasses de voitures, de chars d'assaut en ruine et même d'un avion écrasé, ils finissent par découvrir un volcan qui chauffe les eaux souterraines sous leurs pieds. C'est le cœur de la cité qu'ils cherchaient depuis toujours, la fusée est là dans sa phase finale de construction. Mais pour avoir le droit d'y embarquer, ils vont devoir à nouveau faire leurs preuves.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Erwann Surcouf mène ses héros au bout de leurs aventures, après des dizaines de péripéties dans un monde post-apocalyptique dont on ne saura jamais ce qui a causé la destruction. Ça n'est pas grave, en l'occurrence, on comprend depuis le premier tome avec les trois personnages que quelque chose s'est passé qui a tout démoli, laissant seulement quelques endroits pleins de boîtes de conserves, ce qui suffit à faire avancer tout le monde. L'action est toujours au rendez-vous, à la fois délirante au second degré et réalisée avec efficacité pour surprendre. Les dialogues sont drôles, bourrés de références à tout et n'importe quoi, culminant dans un clin d'œil au mythique groupe Magma, inventeur dans les années 70 d'une musique incroyable et d'une langue totalement inventée, le Kobaïen. On croise leur membre fondateur Christian Vander, absolument reconnaissable en page 98, dans le rôle d'un personnage très attendu. On est dans le très pointu, que seuls quelques initiés détecteront (merci qui ?). On imagine qu'il y a mille autres références qu'on loupe, mais encore une fois cela n'empêche en rien de se laisser porter par les surprises qui n'arrêtent jamais. Le dessin de Surcouf est la plupart du temps rapide et sommaire, mais sa mise en page est absolument brillante. La page 51 est un exemple du dynamisme incroyable qu'il insuffle à ses planches, lorsque les héros plongent dans le vide après une chute dans un souterrain improbable. On marque un temps d'arrêt devant une image aussi spectaculaire, réalisée pourtant avec très peu de traits. Avec ses trois volumes de plus de deux cent pages chacun, Les Sauroctones est très représentatif de ce que peuvent offrir les auteurs contemporains de la BD francophone : c'est rapide et nerveux, remarquablement construit, drôle et sans prétention apparente, mais bourré de références et d'expériences bien comprises. Etonnant et prenant !