parution 24 janvier 2014  éditeur Dargaud  Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale

Lune l'envers

Le dessinateur de la BD officielle du régime, en panne d’inspiration, est remplacé. Un nouveau one shot du Grrraaand Blutch. Un récit de « science fantasmatique », vraiment lunaire, réflexion poétique sur le sens de la vie, de l’amour, du travail…


Lune l'envers, bd chez Dargaud de Blutch, Merlet
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Dargaud édition 2014

L'histoire :

Une jeune femme est en train de peindre un tableau onirique. Sa mère entre dans la pièce et lui tient un discours sur la difficulté d’être une femme en ce monde. Elle lui livre le secret des femmes de sa famille pour tenir le coup face à l’adversité : une capsule de cyanure, qui se transmet de génération en génération, pour se soulager si la vie est trop dure. La jeune femme, Liebling, part alors faire sa vie. Plus tard, on la retrouve pour son premier jour dans son nouveau travail. Il s’agit de glisser les mains dans une drôle de machine, Eurifice, pour exécuter un travail dont elle n’a aucune idée, pas même en le faisant. Dans le même temps, Lantz, dessinateur officiel du Nouveau Nouveau Testament, la bande dessinée officielle du régime, est sommé par sa hiérarchie d’avancer dans son nouvel album. Cet artiste vieillissant, adepte du travail à la main, est rétif à cette nouvelle technologie sensorielle qu’est Eurifice. Ce n’est pas du goût de ses employeurs...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

On a beau être prévenu, ça fait toujours un choc. On connaît Blutch, son dessin lunaire, ses histoires poétiques, oniriques, tourmentées. On sait qu’on va être emporté dans un tourbillon absurde et qu’on sera rejeté, vidé, dans une espèce de nulle part. Et pourtant, à chaque fois, ça marche. Quand on sort de Blutch, on ne comprend plus rien au monde qui nous entoure. Mais celui que nous décrit Blutch est encore pire : voilà un monde où on ne sait pas pourquoi on travaille ni ce qu’on fait, ni ce qu’il advient du produit de notre travail. Critique acerbe du monde du travail, bien entendu, mais aussi des systèmes de pression inscrits dans la société, de la capacité d’acceptation et de résignation de l’être humain. Dans ce monde standardisé qui ressemble au nôtre, la relation entre Lantz et Liebling s’affranchit des réalités de l’époque, mais aussi du temps, de la société. Ce sont deux créateurs dans un monde de copistes. Les décors et paysages de Blutch sont très seventies, mais on ne peut pas s’empêcher de penser à Brazil en feuilletant ces pages absurdes, où les personnages ne savent pas pourquoi, où et comment ils vivent. Sans trahir l’esprit de l’auteur, ni le suspense, on peut le dire : nous non plus. Il faudra se faire son idée, et ça, c’est la force de Blutch.

voir la fiche officielle ISBN 9782205069983