L'histoire :
Il y 8 ans, Vincent Revel, nouvellement promu lieutenant de police, sauve la vie du jeune Alexeï Borislav qui vient de faire un arrêt cardiaque sur la ligne 6 du métro. Aujourd’hui, de l’eau a coulé sous les ponts. Revel est toujours flic, mais il semble que les coups bas de la vie l’ont un brin abîmé. Borislav est quant à lui à la tête d’une entreprise florissante et il engrange les bénéfices à tout va. Les deux hommes sont restés amis. Aujourd’hui 13 mai – jour anniversaire de l’acte héroïque de Vincent – ils s’honorent même de fêter l’événement. Et ce, quand bien même quelques ombres, en lien avec la sœur d’Alexeï et le fils de Vincent, ternissent le tableau. Revel apprend à Borislav qu’il enquête actuellement sur le meurtre sauvagement orchestré de Matisse, un patron de bijouteries. L’affaire piétine. Et pendant que Revel s’entretient avec son adjoint sur l’évolution de l’enquête, un homme qui semble bien connaitre notre lieutenant dépose un sac dans le métro. Dans le wagon même où Revel est assis. Quelques minutes plus tard, le sac explose…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La sortie de cette trilogie en intégrale est l’occasion de (re)découvrir un polar parfaitement ficelé, dont l’élégance et l’épure graphique sont de parfaits contrepoints à la trame noir-expresso du récit. Car obligatoirement, la première envie d’y regarder de plus près tient à l’incroyable accroche du dessin. Réaliste en diable, cadré minutieusement à renfort d’une incroyable variété de plans, assis par des jeux de lumières et de couleurs travaillés « dans les froids »… le travail réalisé par Laurent Bonneau scelle d’entrée l’atmosphère du récit. De celle qui met mal à l’aise tout en empêchant de décrocher et force à s’attarder sur chacun des protagonistes avec attention. Et il y aura de quoi, au regard d’un entrelacs savamment orchestré dans lequel un flic à la dépression borderline, un jeune trafiquant de cocaïne et un parfait psychopathe s’attarderont à jouer une partie serrée mais sans la moindre concession. A la stricte intrigue policière, le scénario superpose habilement une étroite imbrication des relations (des destinées ?) et des psychologies, qui en fait le véritable intérêt. Le résultat est redoutable d’efficacité, renforcé par un rythme narratif savamment dosé : une lenteur voulue qui offre au lecteur autant d’indices pour le contraindre à se poser un maximum de questions aussitôt, ponctuées par un rebondissement choc. En trois chapitres, les frères Bonneau livrent une intrigue prenante s’interdisant tout manichéisme (au risque de frustrer quelques uns) et offrant une conclusion permettant d’assembler toutes les pièces du puzzle. Et qui, en outre, ne s’interdit pas d’éventuelles prolongations. Bref, de l’excellent travail au rendu très cinématographique qui ravira tout amateur de polar à atmosphère.