L'histoire :
Il est 7h15. Aude enclenche sa routine quotidienne en même temps qu'elle lance l'eau à chauffer dans sa bouilloire. Elle prépare le petit-déjeuner, fait la vaisselle, lance le café de son compagnon Mathieu. Elle va réveiller doucement sa fille pour qu'elle se prépare avant l'école, lui dit à distance en faisant autre chose qu'il ne faut pas qu'elle n'oublie pas de se brosser les cheveux, cherche son téléphone et regarde l'heure. Merde ! Il est déjà 8h10 ! Elle monte dans la chambre de sa fille... Elle joue et ne s'est pas habillée. La course continue, la petite n'aura pas le temps de prendre son petit-déjeuner. Aude vérifie le sac de classe de l'enfant. Tout y est, heureusement elle n'a rien oublié... Sauf la casserole sur le feu ! En vitesse, Aude et sa famille terminent les préparatifs et filent vers l'école, juste à temps car la sonnerie retentit. Ouf, c'est bon. Aude prend un peu de distance. Elle devrait relativiser, ce n'est pas possible d'être aussi stressée dès le matin ! Quand soudain, une pensée lui traverse l'esprit. Elle a oublié le sac de piscine de sa fille ! Elle fait demi-tour, avant d'aller travailler à son atelier d'artistes. Le temps défile, elle bloque sur une case. Alors elle choisit de faire une pause, mais tout a coulé dans le frigo. Corvée de nettoyage impromptue au bureau. La journée n'a pas été très productive. En rentrant le soir, elle n'a qu'une envie : souffler. Mais entre les attentes de sa fille et sa relation de couple en dents de scie, ainsi que les tâches ménagères, ce n'est pas le programme qui l'attend.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la collection des Moi, je, Aude Picault a déjà publié deux albums : Moi je et Moi je et caetera. Ce nouvel opus se met en adéquation avec son évolution en tant que femme et en tant qu'artiste : Moi je, quarantaine. Son trait a évolué. Il est plus proche de son album Amalia, que de son premier Moi je. Le dessin est simple, efficace, les traits vont à l'essentiel et nous racontent la vie quotidienne. Les personnages conservent leur expressivité. L'autrice vient authentiquement de passer la quarantaine et s'inspire de son quotidien pour proposer des scénettes en apparence simplistes, mais qui poussent pourtant le lecteur à réfléchir autour de sujets qui peuvent le concerner directement. C'est tout l'art de l'autrice : réussir à illustrer la routine, la vie quotidienne, avec un regard critique toujours juste, parfois drôle. Ici, elle se remet en question : elle a passé toute sa vie à courir et elle continue, même maintenant. Elle ne se pose jamais, elle s'agace, elle ne sait plus profiter de l'instant présent. Alors, elle cherche des solutions, en restant optimiste, mais en laissant aussi la colère s'immiscer. Il est question de charge mentale, de relation de couple, d'éducation des enfants, mais surtout, de la manière dont la routine quotidienne prend le pas sur le reste ! Et s'il suffisait de peu de choses pour réenchanter un quotidien ? Cet album sème des graines sur une multitude de sujets.
