L'histoire :
Le Zeeland est une minuscule forteresse informatique, un paradis fiscal juché sur une plate-forme en mer du nord, en dehors des eaux territoriales des Pays-bas. A la tête de ce micro état, le prince Akim Cey qui vante sa principauté comme étant le premier territoire indépendant du cyberspace, fait toutefois appel à Narvalo et à ses amis, des mercenaires rompus à l’art du combat. Car les secrets bancaires du Zeeland sont menacés d’être ravis par des commandos armés à la solde d’autres états qui rodent autour de la plate-forme. A peine arrivés, Narvalo apprend que le Zeeland proscrit l’usage d’armes létales… Pratique pour un mercenaire ! Peu enclin à poursuivre la mission dans ces conditions, Narvalo persiste toutefois, blessé dans son orgueil par une agression verbale de la bodyguard personnelle du prince Akim. La nuit suivant leur arrivée, un commando ennemi passe à l’attaque. Narvalo perd l’un de ses 4 compagnons dans la bataille, néanmoins remportée par le Zeeland. La Hollande décide alors de repousser tout simplement la limite de ses eaux territoriales à 12 miles nautiques, englobant de la sorte la principauté sous sa juridiction. Aussitôt c’est le branle-bas, le Zeeland plie bagage en toute hâte, à destination d’une autre cité lacustre indépendante, Orlando, uniquement peuplée de femmes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le même registre que Yoni, série d’action et d’anticipation, Yann imagine un nouvel héros, Narvalo, mercenaire baroudeur inspiré de Bernard Prince. Cette première aventure prévue pour couvrir deux tomes se situe à la frontière de l’anticipation et de la politique-fiction, d’après une anecdote géopolitique réelle (le micro état du Sealand, plate-forme, menacé par le recul des frontières maritimes britanniques). Le scénario de Yann explicite précisément l’action et met parfaitement en place le personnage central omniprésent, à l’aide de flashbacks. Mais les pathologies récurrentes à la plupart des scénarii de Yann viennent à nouveau gâcher l’imagination fertile dont il fait preuve. A savoir, une psychologie de personnages caricaturale (les rapports immédiatement houleux entre Pimp et Narvalo sont grotesques) du verbiage superflu (les répliques systématiquement coupées du personnage de C3PO) et des idées bien saugrenues (l’arme qui projette du mastic engluant, le micro état uniquement composé de femmes)… Le dessin réaliste d’Erik Juscezak parvient tout juste à masquer ces lourdeurs de série B. Son trait est précis, inspiré, régulier, proche de ce qui se fait de mieux en la matière, et pour combler le tout, coloré par les palettes expertes de Jean-Jacques Chagnaud. Un début mi-figue mi-raisin…