L'histoire :
Mis en fuite du micro-état indépendant de Zeeland (une ancienne plate-forme pétrolière) Narvalo et son groupe de mercenaires ont ensuite fait une étape mouvementée sur l’île flottante d’Orlando (uniquement peuplé de lesbiennes milliardaires). De nouveau, les voilà en transit au dessus de l’océan, en hélico, en direction d’un îlot également souverain, Mysteriosa Banks. A l’arrivée, ils mitraillent quelques guérilleros honduriens, avant de s’apercevoir que l’île est quasi déserte : la princesse Lydia semble avoir été tuée par des rebelles. Le prince Akim en prend aussitôt possession, sans autre forme de procédure. Il faut dire que les ressources de cet état proviennent de son économie de recyclage du palladium, un métal ultra-rare, mais aussi de l’extraction de tantalite, un minerai particulièrement convoité par les nouvelles technologies. En inspectant les lieux, Narvalo perd un autre membre de son équipe, Bill, flingué par un rebelle. A la place, il intègre Pimp à l’équipe, la garde du corps traitresse du prince Akim. Puis en explorant plus en profondeur l’île, ils découvrent aussi que l’extraction de tantalite est particulièrement nocive pour les ouvriers en raison de sa radioactivité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le plus compliqué dans Narvalo, série d’action et d’anticipation high-tech, c’est d’identifier ce que ça raconte, exactement. De nouveau, il y a 1000 idées dans le scénario de Yann, qui auraient pu chacune faire l’objet d’intrigues complètes et passionnantes, prises indépendamment… mais ainsi agglutinées, c’est un foutoir qui frise l’indigestion. Le cas du personnage atteint de phycomycose rhinocérébrale est rapidement réglé, le sens du putsch sur Mysteriosa Banks à peine abordé, la contamination par la tantalite effacée d’un revers de main... et on bascule déjà dans une nouvelle intrigue au sein d’un monde virtuel barbare de SF ! Rien ne semble retenir l’attention de Yann, scénariste turbulent, qui n’a de cesse de zapper d’un sujet à l’autre. Bref, la géopolitique se mêle aux cyber-mondes, les combats guérilleros aux magouilles financières, les alliances improbables se nouent, les dénouements faciles pleuvent… En outre, cette aventure bondée de testostérone est également plombée par plusieurs facteurs concomitants : le peu de sentiments éprouvés par les protagonistes, le peu de psychologie en général et une quantité stupéfiante de dialogues superfétatoires (et néanmoins souvent caustiques) dans le sens du récit. C’en est même frustrant, de la part de Yann, qui manie brillamment le cynisme, sans jamais parvenir à faire prendre la mayonnaise. Et c’est d’autant plus dommage que le dessin réaliste d’Erik Juszezak est plutôt appliqué, abouti et agréable… Peut-être un style « gros nez » aurait mieux convenu au ton de ces aventures légères et survoltées ?