L'histoire :
Nico est une gracieuse et bondissante agent secret américaine qui évolue dans des sixties bien différentes de celles qui ont existé. En effet, le crash de deux soucoupes volantes extraterrestres en 1947, l’une à Roswell et l’autre en Sibérie, ont fait progresser les deux blocs antagonistes, soviétiques et américains, de prodigieuse manière. En 1966, à l’est, Staline est toujours en vie et communique via téléphone rouge avec son homologue de l’ouest, Kennedy, qui n’a pas été assassiné. L’enjeu du moment est la mainmise sur une troisième soucoupe, qui se serait crashée dans la mer des caraïbes. Un sous-marin nucléaire communiste sillonnant les environs est alors capturé par une sorte de crabe robotique gigantesque. L’engin appartient à Ike Eisenhower, ex général 5 étoiles et prétendant à la Maison Blanche, reconverti en milliardaire depuis qu’il a repêché nombre de trésors engloutis. L’homme rumine visiblement de sombres projets… De son côté, Nico est en contact avec un informateur qui a identifié sa mère naturelle. Mais le rendez-vous est perturbé par l’arrivé d’un séduisant agent de l’autre puissance, le révolutionnaire Fidel Castro…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fred Duval et Philippe Berthet poursuivent ici leur étonnante uchronie, prenant pour cadre des années 60 ultra-modernisées par une technologie extraterrestre. La plupart des thématiques fortes de l’après-guerre sont brassées et recachées pour composer cette civilisation humaine « mutante » : soucoupes volantes, guerre froide, avènement du rock n’roll, déco pop… Les acteurs authentiques de l’époque sont tous en place (on croise Kennedy, Staline, Hitchcock, Castro, Eisenhower et Bob Dylan) et les clins d’œil inhérents pullulent (« Dallas et Kennedy n’ont jamais fait bon ménage »), au profit d’une partition comme amplifiée, dans un décorum néo-kitch. En effet, la démesure des engins, des bâtiments et des gadgets, ainsi que l’intrigue d’espionnage tarabiscotée, sont celles qu’on a coutume de croiser dans les vieux James Bond. L’intention promettait, mais le résultat, particulièrement alambiqué, déçoit. Nico bondit comme Lara Croft, couche avec Fidel Castro et se démène pour influer sur un contexte géopolitique rocambolesque au possible. Les rebondissements appartiennent bien entendu à la sphère de la série B d’espionnage, mais le ton humoristique qui lui siérait pleinement est absent. Sûrement, la ligne claire élégante de Philippe Berthet ne colle pas trop au registre comique, même si le décorum des sixties modernisées semble entièrement engendré pour coller à la griffe du dessinateur. Berthet s’est tout de même visiblement beaucoup amusé sur ces 62 planches, notamment en signant une séquence sous-marine très proche du final de L’éruption du Karamako (Jo, Zette et Jocko), dans la base du savant fou…