L'histoire :
Quand Odi, une jeune fille coiffée de deux chignons, comme les oreilles de Mickey, laisse son imagination vagabonder au gré de ses rencontres, elle s’imagine vivre des aventures fantastique et fantasmagoriques. Par exemple, il lui suffit d’une pile de linge à repasser et la voilà chevauchant sa planche comme un surf, à l’assaut de déferlantes de fringues. Un bain à prendre et elle se débat avec des monstres marins venus des profondeurs de sa baignoire. Un peu de délaissement sur un rocking-chair et elle se transforme en une trapéziste virtuose sous le plus grand chapiteau du monde. Qu’elle observe un lézard : elle devient chevalier en armure combattant un dragon. Qu’elle observe un escargot : elle devient torero ! Qu’elle observe une sauterelle : elle se lance dans une partie de rodéo…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le concept de ce (premier ?) recueil entièrement muet et dénué de bordures de cases est simple et ingénieux : d’un élément banal du quotidien, l’ingénue Odi s’imagine l’aventure extraordinaire la plus jusqu’au-boutiste qui soit. Son esprit altère la réalité, suivant une déclinaison onirique – mais toutefois cohérente – du sujet donné. L’imagination fantastique d’Odi atteint alors un paroxysme ébouriffant, avant de se calmer à nouveau et de conclure en retrouvant le morne calme du réel, afin de boucler la boucle. Ce petit recueil souple de 128 pages est dessiné par Sergio Garcia, coscénariste avec sa femme Lola Moral de cet exercice de style rigolo mais dispensable. L’auteur se passionne en effet depuis quelques temps pour les « systèmes narratifs » offerts par le médium bande dessinée (Bande dessinée – Apprendre et comprendre, L’aventure d’une BD). Si les deux auteurs ont a du prendre beaucoup de plaisir à laisser dériver leur imagination, le lecteur aura sans doute plus de mal à se laisser séduire. Chaque historiette, de 1 à 4 pages, se lit à la vitesse de l’éclair et laisse une impression de futilité, certes emprunte de lyrisme et d’un rythme graphique d’une belle maîtrise, mais tout de même très éthéré. Aussitôt lu, aussitôt le poids de nos contrariétés matérielles nous referme le ciboulot comme un couvercle. Au gré de ces péripéties à hauts risques fantasmées, le lecteur retrouvera néanmoins nombre de ses délires enfantins, du genre de la bouteille de Banga à aller chercher au frigo, mais avant il faut traverser ce long couloir plein de crocodiles…